États-Unis : bataille politique autour de la dette • FRANCE 24

États-Unis : bataille politique autour de la dette • FRANCE 24



– Merci Damiens, proche à journal dans un quart d'heure, tout de suite c'est l'info écho. Avec vous, Lynne Riffaille, bonjour Lynne. – Bonjour, Ponyne. – Ce mardi après-midi, le président américain Joe Biden organise à la Maison Blanche un face-à-face entre les chefs des démocrates et des républicains du Congrès. L'objectif c'est de tenter à trouver un compromis sur la dette américaine. La dette publique américaine, c'est la plus importante au monde en valeur absolue, Lynne. – Oui, si on prend les chiffres en valeur absolue, exprimé donc en dollars courant, on trouve que la dette américaine est en effet la plus importante au monde, 31 milliards de dollars.

Mais si on veut vraiment faire des comparaisons internationales, ce n'est pas le chiffre en valeur absolue qu'il faut prendre, mais il faut rapporter ce chiffre à la taille de l'économie du pays, les États-Unis, première économie mondiale, vous me direz c'est peut-être normal qu'ils aient la dette la plus importante au monde. Regardons donc les chiffres comparés au PIB, le produit à intérieur brode qui mesure donc la richesse d'une économie et la taille d'une économie, vous voyez ici parmi les économies riches que le Japon et le pays qui a la dette la plus importante par rapport à son PIB, 247% donc, suivi de la Grèce et de l'Italie. Les États-Unis arrivent ensuite, 120% de la richesse nationale, c'est important, mais ce n'est pas en tête du classement. La France est à 111%, 11% du PIB au niveau de la dette publique, l'Allemagne arrive loin, loin derrière à 66%. Puis Pauline, il y a souvent des idées reçues sur la dette publique américaine. On croit qu'elle est détenue aux majorités par des investisseurs étrangers et notamment par la Chine. Si on regarde vraiment les chiffres donnés par le trésor américain, on voit que 24% de la dette publique américaine est détenue à l'étranger, dont 2,7% du total par la Chine.

En revanche, une grande partie de cette dette publique, la majorité, 76% est détenue par les États-Unis. Il y a bien sûr une partie pour le privé, des fonds de pension, des assurances, mais il y a aussi le public. Le public qui détient 40% de cette dette publique américaine et notamment la réserve fédérale américaine. Cette dette publique américaine, elle est aujourd'hui au cœur d'une bataille politique et financière. Et la raison, c'est qu'il y a une particularité institutionnelle américaine, c'est ce qu'on appelle le plafond de la dette. – Oui, alors ces dernières années, on en a beaucoup parlé. Aux États-Unis, contrairement à ce qu'on a par exemple en France, dans d'autres pays européens, c'est le congrès qui fixe le niveau maximum au-delà duquel l'État ne peut pas emprunter pour financer ses dépenses.

Alors ce plafond, il est fixé par le congrès américain et l'économie, au fil des années, elle croit. Il y a l'inflation, il y a la croissance économique, donc c'est tout à fait normal de relever ce plafond de la dette qui exprimait en dollars courant. Il a été relevé à 78 reprises depuis les années 1960. Alors d'habitude, cela peut relever juste d'une simple formalité, mais il y a des fois où c'est beaucoup plus compliqué. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas toujours la même majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. On a vu cela se compliquer notamment au cours de la décennie 2010. 2011, souvenez-vous, tension sur les marchés financiers craint d'un défaut de paiement des États-Unis et l'agence Standard & Poor's avait même, donc l'été 2011, baissé la note de la dette souveraine américaine qui était au plus haut, la note parfaite de triple A à double A+, une note que les États-Unis ont toujours.

Et puis, autre moment de tension pour les États-Unis aussi, au-delà de 2011 qu'on voit ici, c'est sous le mandat de Donald Trump. Il y a eu à trois reprises une hausse du plafond de la dette sous le mandat de Donald Trump, une fois c'était particulièrement tendu, c'était fin 2018, début 2019. Et cela, il est conduit à ce qu'on appelle le shutdown. Faut d'un accord, les administrations américaines, certaines administrations américaines ont dû fermer pendant plusieurs jours, pas de paiement de salaire, etc. Ça avait duré, particulièrement en longtemps, 35 jours à ce moment-là. Le shutdown, c'est l'étape juste avant, un éventuel défaut de paiement. Pour rappel, les États-Unis n'ont encore jamais fait défaut sur la dette, c'est la première économie en compte.

– Alors si ce plafond de la dette a été relevé des dizaines de fois, on l'a vu au cours des dernières décennies, la secrétaire américaine au trésor, Jean-Aty Allen semble particulièrement inquiète cette fois-ci, pourquoi ? – Oui, elle tire la sonate d'élaire. Mais alors d'abord, il faut la rappeler, le plafond de la dette américaine, il a été atteint déjà dès l'amie janvier, c'est 31 000 milliards de dollars. Mais jusqu'à présent, avec des manœuvres comptables, les États-Unis ont pu tenir le coût, sauf que cela ne peut pas durer éternellement. Et donc Jean-Aty Allen, la secrétaire au trésor, tire la sonate d'élaire, mais elle prévient que si un accord n'est pas trouvé rapidement, les États-Unis pourraient à terme risquer le défaut de paiement. Elle dit qu'il faut trouver un accord au plus tard début juin, premier juin ou juste un peu plus tard. Et selon elle, le risque, c'est un cas au financier et économique, ainsi qu'une crise constitutionnelle. De son côté, la Maison-Blanche, pour montrer la gravité de la situation et pousser les politiques à trouver un accord, a fait une étude sur les conséquences d'un éventuel défaut de paiement.

Il y aurait un impact sur le PIB qui est donc un impact de moins de 6,1 % sur le PIB, un impact sur l'emploi, 8 millions d'emplois pourraient être perdus. Ça, c'est si un défaut qui dure 3 mois. Si le défaut est beaucoup plus court, le PIB pourrait reculer de 0 à 5 %, et l'emploi pourrait perdre près de 500 000 emplois, près d'un demi-million d'emplois. Alors bien sûr, on est loin de cela les États-Unis, je leur rappelle encore une fois, ils n'ont jamais fait des faussures, leur dette, il est peu probable qu'ils le fassent cette fois-ci parce que les conséquences seraient dramatiques. – Mais d'où la réunion de cet après-midi à Washington ? – Oui, alors Joe Biden va absolument trouver une réponse rapidement à cette crise, crise pour l'instant politique avant de mener à une hypothétique crise financière, et du coup, il convient les démocrates et les républicains à la Maison-Blanche. Alors rappelons que le Sénat est à majorité démocrate et le chef des démocrates au Sénat Choumer sera là, avec le chef de l'opposition républicaine au Sénat Mitch McConnell. Il y a aussi les républicains qui seront là, donc Kevin McCarty, le chef des républicains à la Chambre des représentants, et le démocrate Hakim Jeffries.

Ils vont tous discuter négocié pour essayer de trouver un accord. Alors il faut rappeler que les républicains, ce qu'ils veulent c'est mettre des conditions contre un éventuel relèvement du plat fond de la dette, eux ils veulent baisser le dépense publique de 4 500 milliards de dollars Sur 10 ans et en contrepartie, ils disent, on veut bien augmenter le plat fond de la dette de 1 500 milliards de dollars. Les démocrates ne sont pas d'accord, l'administration américaine ne veut pas conditionner ce relèvement du plat fond de la dette, elle dit que les discussions sur les dépenses publiques devraient intervenir plus tard. Il faut juste pour finir dire Pauline, que les prochains jours vont être particulièrement difficiles, parce qu'il y a peu de temps avant début juin, peu de réunions au Congrès qui sont prévues, et surtout le président américain Joe Biden doit s'envoler d'ici environ deux semaines pour une tournée internationale, notamment du côté. Du Japon et de l'Australie, ils souhaiteraient donc trouver un accord avant.



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