Interview d'Édouard Philippe dans Quotidien : la politique ne tient parfois qu’à un cheveu
Mais d'abord, c'est l'heure des télescopages de Bruno Donnet. Bonjour Bruno. Bonjour Philippe. Tous les jours Bruno vous observez ici les postures médiatiques. Et ce matin, vous allez choisir de revenir sur l'interview qu'Édouard Philippe a accordé hier soir à l'émission quotidien. Oui, vous le savez Philippe, un lancier en premier ministre des ménuels Macron ne fait pas mystère de ses ambitions. Il a l'intention d'être candidat à la prochaine présidentielle.
Il l'aide d'ailleurs confier hier soir dans une formule assez savoureuse à Yann Barthès. Un type qui crée un parti politique et qui réfléchit à l'avenir de son pays en général pour reprendre une expression classique. Il est pas là pour beurrer, vous savez la suite quoi. Voilà, il est pas là pour beurrer les sondouitches, ni pour paraphraser Michel Oddière, mais bien pour devenir président. Seulement voilà, avance là pour cela. Édouard Philippe a un petit problème à régler. Un problème physique, un problème d'apparence que la journaliste Maya Mazorette, spécialiste des questions de sexualité et d'identité, a parfaitement résumé.
Votre action politique est parfois parasité par votre apparence qui se modifie rapidement et qui suscite beaucoup de curiosité de la part des Français. C'est vrai. Philippe est malade, il souffre de deux pathologies et hier soir il était donc sur cette question venu faire une grande opération transparence. Et donc je dis, bah ouais, j'ai un vitiligo et j'ai une allopécie, c'est comme ça, je vous le dis, vous en faites ce que vous voulez. Si vous trouvez que ça me fait une sale gueule, et bah j'y peux rien. Le vitiligo d'épigement de sa peau et l'allopécie a fait tomber sa barbe, ses sourcils et pratiquement tous ses cheveux et c'est ça qu'il oblige à ses confessions médiatiques. C'est évident, ça se voit.
Bon, je vais pas le masquer, je vais pas me mettre une perruque. Alors j'ai été très intéressé Philippe par cette petite phrase sur la perruque. Car pour bien comprendre ce qui se joue aujourd'hui, politiquement avec le physique d'Edouard Philippe, et bien il faut se souvenir d'où l'on vient. Et en farfouillant ce matin dans grand placard archive, je vous ai dégoûté un document tout à fait symptomatique. La scène se déroule en 1988 sur le plateau de Feul à Saint-Quentin-Vechterre, qui est candidat à l'élection présidentielle pour les écologistes, et interrogé par le journaliste politique Pierre-Luc Séguillon qui commence par poser un prudent préambule. Alors la politique c'est aussi un spectacle à partir du moment où vous entrez en politique, vous vous mettez en scène. Et si le journaliste commence par cette précaution oratoire, c'est parce qu'il a une question pas fastoche à poser au candidat.
Et la question est tellement épineuse qu'il en bafouille. Question à discrète, pourquoi est-ce que vous portez une chevelure postiche ? Il lui demande pour quelle raison il porte une chevelure postiche, c'est-à-dire une perruque. Et il a bien fait dans Robé sa question de moult, cirque-envolution, car Antoine Vechterre va se montrer extrêmement choqué. Ecoutez, cela il faudrait d'abord en faire la démonstration. Et devant l'impossibilité de la démonstration, il refusera même catégoriquement de lui répondre. Il n'y a pas de réponse ? Non, j'ai pas de réponse à cette question qui me paraît pour le moins s'agronue. Voilà, alors on pourrait croire cette scène de la perruque qui date d'il y a 35 ans d'un autre temps, or il n'en est rien.
Et Edouard Philippe le sait, son métier est un métier dans lequel les symboles comptent encore beaucoup. C'est un métier d'image et puis c'est un métier de séduction. François Mitterrand avait caché son cancer au français, François Hollande perdut plus de 10 kilos avant d'entrer en campagne. Nicolas Sarkozy mettait en scène sa forme physique en pratiquant le jogging ou le vélo devant les caméras. Quant à Emmanuel Macron, il seurve depuis ses débuts sur son image de coédragénère énergique. L'opération transparente d'Edouard Philippe n'est donc pas une étape cosmétique, c'est un passage absolument obligatoire, une nécessité politique indispensable à sa conquête du pouvoir. Est-ce que l'apparence et le corps jouent dans la vie politique ? La réponse est oui.
Hier soir donc, si l'ancien Premier ministre, dont les apparitions médiatiques sont aussi rares que stratégiquement millimétrés, a passé de longues minutes à évoquer l'évolution de son physique, c'est parce qu'il sait qu'en soldant cette question-là maintenant, loin de l'échéance présidentielle qui le préoccupe tant, il pourra s'éviter d'y revenir plus tard et se concentrer sur les sujets strictement politiques. Il a d'ailleurs conclu avec une formule, un dont les rires qu'ils l'ont accompagné ont témoigné de la réussite de son opération séduction. Et puis après, si vous pensez qu'il faut être Playboy en France pour être élu, j'ai quand même quelques contre-exemples. Et oui Philippe, si la communication se doit à ce point d'être maîtrisée au quart de poil, c'est parce que la politique ne tient parfois qu'un cheveu. Et ça a marché puisqu'on a tous souri dans ce studio. Merci beaucoup Bruno Donnet.
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