Hiver de la colère au Royaume-Uni : les Britanniques se mobilisent contre la vie chère

Hiver de la colère au Royaume-Uni : les Britanniques se mobilisent contre la vie chère



Devant le 10 Downing Street, des manifestants qui rêvent du grand soir. Professeurs, cheminots, pompiers, tous veulent du changement et font pression sur le premier ministre conservateur Richie Sunak. Au côté des syndicalistes, le travailliste Jeremy Corbyn, ancien chef de l'opposition, figure de la gauche anglaise. Quelque chose est en train de changer dans le pays. Les gens ont assez de ses 12 années d'austérité, de baisse de qualité de vie, de chute des salaires, de sous-investissement dans les services publics. Donc ceci est un cri du coeur. Je pense qu'on va avoir un mois, deux mois d'intense mouvement social et le gouvernement devra un reculé.

Le pays entre dans un hiver de contestation féroce. Un mouvement social jamais vu depuis les années 80 est Margaret Thatcher. Le coup de la vie flambe et touche tous les Britanniques. En 2022, le gaz aurait grimper de près de 130%. L'électricité 65% et le sucre près de 36%. Des chiffres officiels, mais pour certains, le prix du chauffage a plus que triplé. Dans l'est de Londres, Beth Nogh Green, Marc a une clientèle qui soutient les grévistes.

C'est important pour les gens de pouvoir faire grève. Ils ont une voix et ils s'expriment car ça ne peut plus continuer. Ils en ont assez. C'est la dernière chance et ils sont obligés de faire ça. Je suis avec eux. Marc voit les gens dépenser moins. Les autorités disent que l'inflation est de 10%, mais honnêtement, je pense que c'est plutôt 40, 50%.

Chez le grossiste, chaque gadget coûte 4, 5 livres de plus. C'est beaucoup et moi, je dois ensuite augmenter mes prix. Bristol, ville du Sud-Ouest de l'Angleterre. Tom enseigne l'histoire à des élèves de milieux populaires. Ici, les prix du logement ont explosé ces dernières années. La crise financière a tout changé selon lui. 2008 a été le point de bascule.

Jusque-là, les salaires dans le public étaient plutôt bons. Certains de nos collègues un peu plus âgés, dans la cinquantaine, pouvaient acheter une maison où il y a encore 20 ans, quand ça coûtait moins cher et que leur pouvoir d'achat était meilleur. Mais pour les professeurs qui ont aujourd'hui 20, 30, même 40 ans, c'est beaucoup plus dur. Tom et sa famille s'en sortent grâce aux salaires plus élevées de sa femme universitaire. Mais ce n'est pas le cas de nombreux collègues. Ils quittent l'éducation nationale ou manifestent. Les manifestations, ça a ouvert les yeux, changé la vie de beaucoup de gens.

De nombreux travailleurs luttent pour survivre. Ils n'ont plus les moyens de se chauffer. Des enfants vont à l'école le ventre vide, car il n'y a rien à manger chez eux. C'est la réalité pour des millions de Britanniques. En première ligne de cette fronte sociale, les hôpitaux, avec le NHS joyau du Royaume-Uni, gratuit et à bout de souffle. 10 000 postes de médecins ne sont pas pourvus dans le système de santé britannique. Le Brexit a aussi compliqué les choses.

4000 soignants auraient choisi de ne pas venir travailler au Royaume-Uni depuis la sortie de l'Union Européenne. Le NHS connaît la plus grande grève de son histoire. Steve conduit une ambulance dans les rues de Londres depuis 27 ans. Je n'ai pas rejoint le service pour faire grève, mais pour m'occuper des gens. Mais le manque de moyens, les faibles augmentations de salaire ont conduit à des dizaines de milliers de postes vacants au sein du NHS. Les délais pour joindre les ambulanciers s'allongent sans cesse. Et cet hiver, l'attente n'a jamais été aussi longue devant des hôpitaux saturés.

Le Royal College des médecins dit qu'il y a 500 morts par semaine à cause des délais trop longs. On a des histoires terribles et horribles avec des patients qui attendent sur des lits d'hôpitaux 10, 12 heures. Ce n'est pas acceptable. Vous savez, c'est dur de savoir qu'on va attendre des heures et des heures, que l'état du patient peut s'empirer et qu'on ne peut rien faire pour l'aider. La journée débute et un appel arrive aussitôt. Ok, on a du boulot. C'est quelqu'un qui a perdu connaissance.

Steve et Abby sont prêts à intervenir, comme toujours. Des équipes solliciter constamment qui réclament plus de moyens pour sauver des vies. Le monde politique se penche au chevet de cette NHS en crise qu'il faut réformer. Au bord de la tamise, face à Westminster, coeur du pouvoir, l'hôpital Saint-Thomas. Les patients ont tous un avis sur les grèves. C'est dommage qu'il n'y ait pas une autre manière de se faire entendre pour eux que de manifester. Je pense que les infirmières ne sont pas respectées.

Elles sont sous-payées, vu la quantité de travail qu'elles font et leur investissement personnel. Mais les gens doivent aussi payer. La santé, c'est pas gratuit. Regardez les autres pays. Moi, j'ai vécu aux États-Unis et chacun doit payer pour soi. Un taxi nous interpelle. Détruisez le NHS.

Il faut privatiser. Vous avez dit quoi? Détruisez le NHS. Il faut le privatiser. Comme tant d'autres professions, les infirmières sont dans la rue. Les augmentations de salaire proposées par le gouvernement n'ont pas convaincu. De nombreux passants, claques sonnent ou applaudissent en solidarité. L'hiver de la contestation continue et prend de l'ampleur.

Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org.



Conditions de travail, Crise économique, Manifestations, Royaume-Uni

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