Fabien Roussel appelle à "mettre le pays à l'arrêt"

Fabien Roussel appelle à "mettre le pays à l'arrêt"



Tout faire pour bloquer le pays, qu'est-ce que ça veut dire exactement selon vous ? Ça veut dire que le gouvernement aujourd'hui se met dans une position intenable. Et je dis même que le président de la République fait partie de la violence. Il fait tout pour énerver les Français, radicaliser le mouvement, pour retourner l'opinion contre les manifestants. Tout ça peut provoquer des drames, des blessés que je ne souhaite pas, ni du côté des forces de l'ordre, ni du côté de ceux qui expriment leurs colères aujourd'hui. Donc j'appelle justement à retrouver la paix civile, mais surtout la responsabilité, elle est du côté du gouvernement, où ils retirent cette réforme, ou alors nous continuons le mouvement et nous appelons à bloquer l'économie. Vous dites que tout le faire jusqu'à des actions illégales ? Non, comme nous le faisons depuis deux mois, l'intersindical, elle appelle à dire « Assemblement » des manifestations pacifiques et qui se sont toujours bien déroulés et ils appellent à poursuivre ce mouvement, mais aussi à bloquer, mettre le pays à l'arrêt, à bloquer l'économie. Nous appelons, moi j'appelle clairement, les militants communistes, là où ils travaillent, avec leurs collègues de travail, à trouver les moyens de mettre l'outil de travail à l'arrêt, à bloquer l'entreprise, à bloquer les voies de circulation comme le font les cheminots sur les voies de chemin de fer, à bloquer des autoroutes.

Il doit, il doit, abroger sa réforme. Et d'ailleurs, il y a un rip, un référendum d'initiative partagée, qui est aujourd'hui à l'étude au Conseil constitutionnel. C'est l'occasion pour lui de suspendre cette réforme, au moins en attendant que ce rip se mette en place, en rendant la parole au peuple un peu de démocratie quand même. Il se comporte comme un monarque en fin de règne, affaibli et isolé par tous les mauvais coups qu'il porte contre le peuple. Et bien, je souhaite moi retrouver une république avec un président Garant, des institutions et qui apaisent le pays. Merci beaucoup Fabien Roussel, alors que, vous voyez, le cortège continue d'avancer en direction de la place de la République, et un cortège qui est très dense. Effectivement, merci beaucoup Lucca, merci à Fabien Roussel.

Olivier Mazeroll, ce que dit Fabien Roussel, il faut qu'on bloque les autoroutes, il faut qu'on bloque, qu'on mette l'économie à l'arrêt, l'économie à genoux, etc. etc. On est vraiment là, alors c'est pas un syndicat, hein, M. Roussel, c'est de la politique. Mais on est vraiment sur le point de rupture avec la CFDT, là. C'est exactement ce que la CFDT ne veut pas. Oui, enfin, c'est-à-dire que la CFDT, elle veut effectivement, par la pression populaire, amener Emmanuel Macron à changer d'avis.

Jusqu'à présent, c'est quelque chose qui n'a pas fonctionné, c'est le moins qu'on puisse dire. Alors Fabien Roussel, lui, il est plus, disons, dans la tradition aussi du parti communiste, quand même, où effectivement, on s'attaque à l'économie. Et là, c'est un vrai problème, parce que c'est à double tranchant. L'économie française, elle n'est pas si en bonne forme que ça. Il faut quand même lui permettre de continuer à vivre. Sans doute, il y a-t-il des réformes à opérer ? Ça, oui. Et peut-être le gros reproche qu'on pourrait adresser à M.

Macron, c'est de ne pas s'y être attaqué plus tôt, quand il en a parlé hier soir. Bon, il y avait des choses très intéressantes, sauf que c'est la 1e fois qu'il nous dit qu'il faut le faire. Et par conséquent, sur les salaires, sur le travail, l'intérêt qu'il y a à travailler, l'intérêt pécunière, mais aussi l'intérêt personnel à aller travailler, ça, ce sont des choses qui auraient dû être traitées déjà depuis longtemps. Ça date des Gilets jaunes quand même, donc ça fait plusieurs années qu'on aurait pu parler de ça. Mais bloquer l'économie, alors évidemment, c'est un moyen de pression très fort sur le gouvernement, mais c'est également, comme le disait Arlé tout à l'heure, d'ailleurs, pour la violence. Mais c'est vrai aussi pour l'économie, c'est à double tranchant. Il y a un moment, quand à la fin du mois, les gens n'auront pas pu aller travailler, que peut-être les salaires ne seront pas versés, que des petites entreprises seront en difficulté, à total, n'auront pas de difficultés, ce n'est pas très grave pour Total ce qui se passe.

En revanche, pour l'artisan, qui bosse, qui n'a pas de sens à mettre dans son camion, ou dans sa camionnette, etc., ça, ça finit par être très très embêtant. Donc il y a un risque de dresser les gens les uns contre les autres. On voit bien que la capacité de blocage de SNCF, des transports, des raffineries, etc., c'est un moyen de pression très fort sur le gouvernement, mais ça peut aussi se retourner assez vite contre les grévistes. – Alors justement, Michel Vivorka, il nous dit, Fabien Roussel, Macron-Paris sur la violence. On évoquait hier la possibilité qu'un gouvernement, un mouvement qui s'essouffle, sans doute avec un renversement de l'opinion, c'est évidemment pas plus mal pour le gouvernement.

À partir de, est-ce qu'on sait, mesuré à partir de quel moment on est dans un basculement de la sociologie, par exemple, de ceux qui participent à ce genre de manifestations, etc. – On ne sait pas faire ça, je ne crois pas. Mais ce que l'on sait, c'est qu'il y a deux temporalités distinctes. Il y a l'immédiat, le conflit, la lutte, ce que dit le gouvernement, etc., et là, les choses peuvent basculer assez nettement. Mais il y a aussi la longue durée, une fois que le conflit semble être réglé d'une manière ou d'une autre. Et je voudrais donner un exemple, parce qu'il y a pas mal de choses qui font un peu penser à mai 68-y, en ce moment, avec des différences aussi, mais quand même.

Mais mai 68, ça se termine assez vite. Fin mai, grande manifestation de la droite, et accord de gronelle dans la foulée, et les ouvrir entre travail. Mais pendant 7 ou 8 ans ensuite, la France a été chaude. Ébullition et fervécence dans les entreprises, gauchisme très, très actif, etc. Et donc sur le long terme, un mouvement peut perdurer, se renverser, se retourner, se transformer pendant de nombreuses années. Et donc, on peut pas vous répondre à votre question. Ce qui est certain, c'est que ce mouvement, un mouvement, ça s'arrête quand ? Enfin, une lutte comme celle-là.

Bah, ça s'arrête d'abord si elle obtient satisfaction. 95, Chirac, Diage-Up, on retire des 3 mesures de votre réforme, et on passe à autre chose. C'est fini. Mais mai 68, je viens d'en parler. Mais là, il n'y a pas eu de négociations comme en mai 68, et il n'y a pas eu de recul, même partiel, du pouvoir. Donc, il n'y a aucune raison pour que la colère, la rage, cesse d'autant que tous les participants à ce mouvement, et toute l'opinion qui lui est favorable, parlent de colère, de mépris, de non-démocratie, d'absence de justice. On monte en généralité, on n'est pas seulement dans 64 ans, on est dans, il n'y a pas de démocratie, il n'y a pas de justice.

C'est pour ça qu'il y a un petit côté mai 68. Le mouvement est en train de monter en généralité, de se laisser de nouveaux thèmes. C'est ce qu'on vous voyait dans vos enquêtes, Jean-Danielle Lévy, et la question subsidière, c'est est-ce qu'il n'y a pas un risque pour le gouvernement, s'entend, dans ces manifestations, celles-ci, les prochaines, etc., que ces centrales syndicales récupèrent ce qu'on avait appelé les résignés, c'est-à-dire ceux qui étaient contre la réforme, mais qui disaient, bon, ben moi, je ne peux pas m'arrêter de travailler. Voilà, je soutiens le mouvement, mais je ne vais pas défiler dans la rue ou je ne vais pas faire grève. Est-ce que cette bascule-là est encore possible ? Déjà, il y a plusieurs aspects. Il y a une sorte d'évolution sociologique, des types de manifestants.

On va regarder ceux qui sont dans la rue aujourd'hui, notamment ceux qui sont dans la rue depuis jeudi soir, quand des personnes qui sont beaucoup plus jeunes que par le passé, et avec des modores, des revendications, voire même des modalités d'action, si on peut appeler ça comme ça, qui sont différentes de celles qu'on avait connues par le passé. Et je rejoins entièrement Michel Viviorka. La question de l'artret, je ne dis pas qu'elle est secondaire, mais en tout cas, on a l'impression que c'est le seul fermant de la mobilisation sociale. Et c'est la question de la forme et du fait qu'il y a eu le recours au 49-3, qui vient aujourd'hui cristalliser tout un tas de représentations, qui évidemment, ça n'arrête pas à l'utilisation du 49-3, mais à la question de la représentation nationale, à la question de la gestion du pouvoir, à la question de la gouvernance, au regard qui est porté initialement à l'égard d'Emmanuel Macron, comme Michel serait autoritaire. Et si on revient un tout petit peu en amont, on peut se rappeler qu'il y a eu 3 millions de blancs et nuls au deuxième tour de l'élection présidentielle. Il constitue quasiment un record, qui a eu une évolution de l'abstention entre le premier tour et le deuxième tour de l'élection présidentielle, ce qui là aussi était relativement singulier, c'était produit en 2017 et la fois précédente, c'était en 1969. Et que pour la première fois depuis 1988, et dans des proportions plus importantes, alors même qu'il y a des élections initiatives qui suivent l'élection présidentielle, une représentation nationale qui n'est pas à l'image de ce qui a été dessiné au cours de l'élection présidentielle.

Donc on a déjà, je veux pas dire une forme de crise démocratique, mais en tout cas, de difficultés d'adhésion au projet présidentiel d'Emmanuel Macron d'un côté, et à la capacité à pouvoir gérer le pays dans un pays qui a besoin d'avoir de la concertation, ou en tout cas une image de la conflicté social dans un contexte où on peut le rappeler, les organisations syndicales n'ont pas été reçues depuis le début des mobilisations, ni de la part d'Elisabeth Bourne, ni de la part d'Olivier Dussopt. Mais alors c'est ça, alors la question des syndicats elle est quand même essentielle d'Amiens-Fleureau. Il avait quasi juré sur la Bible après l'épisode des Gilets jaunes, qu'on ne les reprendrait plus et qu'il avait bien compris qu'il fallait qu'il travaille avec les corps intermédiaires, dont les syndicats. Là en l'occurrence effectivement, avant il y a eu des discussions, mais il n'y a pas eu une négociation.



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