Quatre ans après, les survivants de l'incendie rue Erlanger encore traumatisés

Au 5 février 2019, un violent incendie ravagète en immeuble de la rue Erlingée à Paris, bilan dit mort, est prêt de s'en blesser. A la veille du procès de l'incendiaire présumé, deux survivants ont accepté de revenir sur un drame qui a à tout jamais bouleversé leur vie. Témoignage recueillis par Sophie Chevalro, Julien Cresson et Corinne Chevreton. Les gens se sont réfugés sur les toits, c'était la panique partout, c'était le chaos, vraiment le chaos. Pourquoi j'arriverais à m'en sortir alors que qui viendra me chercher, aussi haut? Cette nuit de février 2019, ils se sont vus mourir, prisonnier des flammes dans leur immeuble pendant plusieurs heures. 10 personnes décèdent, eux ont survécu, mais leur vie a basculé. Claire vivait au 8e étage, après l'incendie, elle a quitté Paris, et vit désormais avec la peur constante d'être confinée en danger.

Je ne fréquente pas les salles de cinéma, je ne fréquente pas les salles de concert, je sors très peu de chez moi, je ne prends pas les transports en commun. Si je vais chez des personnes, par exemple, je m'assure qu'ils habitent aux réchossées. Avant, je vivais dans l'insouciance et aujourd'hui, c'est vrai que je calcule tout. À 600 km de Paris, le même sentiment pour Thomas, d'avoir laissé une partie de lui dans cet immeuble, de ne plus être la même personne, il a perdu une forme de légèreté. Parfois, j'ai l'impression qu'il est comme des cendres en moi, en fait, que je suis juste brûlé, que je suis stéril. Il n'y a plus quelque chose qui me fait plaisir, quelque chose qui me déplaît. Hanté par des images, décris, parfois insoupnables.

Ma vie a été ralentique depuis 4 ans, voire même à l'arrêt, certain moment. J'ai été suicidaire, voilà. Deux survivants partagés entre la gratitude et la culpabilité de s'en être sorti. On sait qu'on a énormément de chance d'être en vie, mais d'avoir vu partir ses voisins, de les avoir vus mourir, c'est quelque chose qui est très dur à porter au quotidien. Pourquoi eux et pas moi? C'est complètement injut, c'est complètement irrationnel, tout ça. Complètement. Pour ça qu'on est sidérés.

Des conséquences personnelles et professionnelles. Lui a perdu son emploi dans la restauration et a dû enchaîner les contrats saisonniers. Elle est forcée de télétravailler, incapable d'être enfermée dans un bureau. Tout deux souhaitent obtenir réparation et espèrent que le procès de l'incendiaire participera à leur reconstruction.

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