Crise bancaire / Sommet européen : "l’Europe est mieux armée que le système américain"

Crise bancaire / Sommet européen : "l’Europe est mieux armée que le système américain"



Nous sommes avec Geneviève Ponce, directrice générale du SYNC TANQ, Europe, Jacques Delor, à Bruxelles. Geneviève Ponce, bonsoir, merci beaucoup d'être avec nous sur France 24. Ce vendredi, deux semaines, tout juste après la faillite de la SVB aux États-Unis, la Silicon Valley Banque, la crise bancaire était au cœur des discussions de ce sommet européen. Emmanuel Macron, comme Olaf Scholz ou encore Christine Lagarde, ont assuré que les banques de la zone euro étaient solides. Est-ce qu'aujourd'hui, l'Europe a tiré toutes les leçons de la crise de 2008 ? Est-ce qu'on peut faire confiance à ces déclarations ? Réellement tout à fait. Je pense d'ailleurs qu'ils n'ont pas passé énormément de temps là-dessus, parce que je crois que c'est tout à fait consensuel. Aux États-Unis, il n'y a pas du tout le même niveau de régulation.

Le niveau fédéral ne régule que les grandes banques. Les petites banques comme celles de la Silicon Valley ne sont pas régulées. Donc ça, c'est une faiblesse que nous n'avons pas en Europe. En Europe, les règles en matière de capitalisation ou de liquidité s'appliquent à l'ensemble des banques. Ce sont des règles très sévères. Plus sévères qu'en Suisse, où il y a eu en outre des problèmes de supervision du crédit suisse. Donc on est dans un cas de figure tout à fait différent.

On est mieux armé que le système américain, très nettement mieux régulé, ainsi que le système suisse. Et donc il n'y a pas d'inquiétude particulière à avoir pour le système bancaire européen. Comme a dit tout à l'heure Christine Lager, la présidente de la Banque centrale européenne. Les Européens qui parlent, et notamment la France et l'Allemagne, qui parlent d'une seule voix sur cette question, des banques, mais il y a des sujets de dissension, notamment concernant le nucléaire. Paris et Berlin, d'ailleurs, ont une relation bilatérale à ce sujet ce matin. Il y a aussi la question des moteurs thermiques. Et ça, la question du nucléaire, un point de venir, ça fait des années que Paris et Berlin s'écharpent là-dessus.

Oui, tout à fait. C'est pas nouveau. Ça remonte à la décision de Mme Merkel de sortir du nucléaire. L'Allemagne d'ailleurs a eu un connu de grandes difficultés parce qu'elle devait sortir à la fois du nucléaire et du charbon. Et ça sans doute retardait sa sortie du charbon. Et donc ça a maintenu en Allemagne un niveau d'émission de dioxyde de carbone élevé. Donc il y a eu des attitudes, il y a des attitudes différentes vis-à-vis du nucléaire.

Et ces attitudes sont en ce moment exacerbées par deux choses. La crise énergétique qui est provoquée par l'agression russe en Ukraine, qui remet l'accent sur ces différences de gris énergétique allemande et française. Donc les réactions à cette crise énergétique ne sont pas les mêmes. Et puis également, l'autre élément qui fait renaître cette divergence de vue sur le nucléaire, c'est qu'il y a un plan industriel européen pour accélérer la transition énergétique et digitale. Et il y a une volonté française que le nucléaire soit traité de la même façon que les énergies renouvelables. Et c'est là-dessus que l'Allemagne s'oppose. – Il y en est où aujourd'hui le couple franco-allemand ? On a l'impression qu'il y a surtout des sujets de dissension dernièrement, plus que des accords depuis le départ, en tout cas, dans Angela Merkel.

– Alors, écoutez, je ne pense pas qu'il s'agisse du départ dans Angela Merkel. Je pense que le fait qu'il y ait une coalition en Allemagne rend les prises de positions plus difficiles, plus compliquées, sans doute aussi plus centrées sur des questions nationales. Mais en dehors de ça, il faut voir que l'agression russe en Ukraine a fait ressortir trois grands thèmes qui sont trois grands thèmes de divergence habituelles entre Français et Allemands. La défense, où les Allemands sont plus atlantistes que les Français. L'énergie, où ils réagissent nécessairement différemment à la crise, parce que leurs gris énergétiques sont très différentes, beaucoup de charbon côté Allemands et du nucléaire côté Français. Et puis, enfin, les questions budgétaires, c'est-à-dire que l'Allemagne est beaucoup plus, disons, sobre ou économe que la France en matière budgétaire au niveau européen. Donc sur ces trois sujets, la crise, l'agression russe en Ukraine a fait ressortir des divergences.

Mais il faut quand même dire. C'est des préexistantes. Ces lignes de clivage sont là depuis toujours. Mais donc, disons qu'elles ont été accentuées ou mises en lumière par l'agression russe en Ukraine. Mais en même temps, il faut voir qu'à chaque fois, et ça n'a pas changé depuis ces derniers mois, des compromis sont trouvés. Dans la situation actuelle, si on prend défense et sécurité, il est vrai que l'Europe ne peut pas être seule à défendre ses frontières. Si vous allez à Varsovie, vous voyez surtout des uniformes américains.

Donc vous avez. On a besoin de l'OTAN, on a besoin des États-Unis à l'intérieur de l'OTAN, on ne peut pas assurer notre défense seule. En même temps, des décisions ont été prises depuis un an, qui font monter la sécurité européenne en puissance. Tout comme la décision qui vient d'être prise sur la livraison de munitions. Ça, c'est un pas de plus dans la défense européenne, justement. Parce qu'en plus, ce seront des commandes européennes. C'est-à-dire, ce sont des choses qui vont être produites en Europe.

Donc ça fait monter nécessairement la défense et la sécurité européenne. Et la guerre en Ukraine, il en a bien sûr été question. Surtout jeudi, alors de ce sommet européen, l'Union européenne annonce qu'elle va organiser une conférence sur les enfants enlevés en Russie. Il serait plus de 16 000 à être concerné. Regardez. Un soulagement et une joie intense. Denis Daporochenko n'avait pas vu son fils et ses deux filles depuis 6 mois et demi.

Grâce à l'association Save Ukraine, ce groupe de 17 enfants est revenu de déportation en Russie. Tous habitaient dans le sud occupé de l'Ukraine. Leurs parents pensaient les envoyer en camp de vacances pour une ou deux semaines pour les protéger de la guerre. Ils ont donné l'impression que tout allait bien pour les enfants qu'ils étaient heureux. Et puis, mon fils m'appelle et me dit que le camp ferme, que tout le monde part. Il m'a dit que ce n'était pas seulement un camp, mais un camp de concentration avec des barbelés et tout le reste. Pour l'Ukraine, ces enfants, comme quelques 16 000 autres au moins, ont été enlevés par les Russes.

De son côté, Moscou dément et se félicite de les avoir sauvés de la guerre. L'Union Européenne en partenariat avec Moscou et Kiev va organiser une conférence afin d'aider à localiser ses enfants. C'est un rappel horrible des périodes les plus sombres de notre histoire, ce qui se passe là-bas, cette déportation d'enfants. Il s'agit d'un crime de guerre. De son côté, la Cour pénale internationale a émis la semaine dernière un mandat d'arrêt historique contre Vladimir Poutine, estimant qu'il était présumé responsable de crimes de guerre de déportation illégale de mineurs. – Jean-Divier Fepons, c'est important que l'Europe s'empart de ce sujet ? – Ah ben bien entendu, vous avez entendu, la Cour pénale internationale vient elle-même d'émettre un mandat et c'est un mandat pour crimes de guerre. Et ce mandat est adressé à la fois au président Poutine et à sa commissaire pour les droits des enfants.

Donc la qualification de crimes est là et je pense que c'est un devoir de la part de l'Europe d'attirer l'attention sur ce qui se passe et d'essayer non seulement de sensibiliser l'ensemble de la communauté internationale mais d'accélérer une solution, d'accélérer le retour de ces enfants parce que sur les 16 200 enfants qui ont disparu, qui ont été kidnappés depuis le début de la guerre, 300 seulement sont revenus. Donc il faut absolument s'emparer du sujet et le plus tôt possible, parce que pour les enfants en particulier, le temps presse et donc le plus tôt possible, obtenir leur retour. – Merci beaucoup Jean-Divier Fepons d'avoir été notre invité ce soir sur France 24.



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