Wang Yi en Russie : "la position de la Chine est loin d’être neutre" • FRANCE 24

Wang Yi en Russie : "la position de la Chine est loin d’être neutre" • FRANCE 24



Et on en parle avec l'invité du jour, j'ai nommé Paul Valais. Bonjour, merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes chercheur associé au Centre de politique, sécurité de Genève. Fort activité diplomatique donc à l'approche de ce 24 février. Sur cette venue du ministre chinois des Affaires étrangères à Moscou, il faut en attendre quelque chose dans les médias, selon vous? Alors on sait que la Chine prépare ce qu'elle appelle un position paper qui va être disons l'énoncé de sa politique et de son positionnement diplomatique sur la question. On sait que c'est un papier qui a été préparé justement en avance du vote à l'ONU auquel vous avez fait allusion qui doit marquer le premier anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine. On a entendu aussi ces derniers jours l'évocation d'une position, ce qu'on pourrait appeler un plan de paix, mais on ne sait pas encore en réalité quelles seraient les contours de ce positionnement.

Mais le fait que les États-Unis et via l'entretien entre M. Blinken et M. Wang à Munich ont formulé cet avertissement à la Chine de ne pas entrer dans le stade de fourniture d'armes letales à la Russie pour alimenter son effort de guerre en Ukraine. Des informations qui semblent être en possession des États-Unis cela montre évidemment que la position de la Chine sur ce conflit est loin d'être neutre ou bénévole. Il s'agit évidemment d'un renfort diplomatique et politique qui doit être rapporté par la Chine au régime de Vladimir Poutine. – Justement sur ces lignes sinoruses qui se rapprochent. C'est votre sentiment également? – Alors on aurait pu se demander parce qu'évidemment quand la Chine s'adresse à des pays tiers, donc pas aux États-Unis ou à la Russie, elle fait part de sa préoccupation, des dégâts collatéraux que le conflit cause à l'économie mondiale, bien sûr au climat général de sécurité.

On sent bien que la Chine s'efforce par son action diplomatique de détacher et de désolidariser une partie du monde, le monde en développement évidemment, mais aussi certains pays occidentaux et de les détacher de la ligne solidaire qui les a liées à l'Ukraine depuis l'invasion russe. – Est-ce que selon vous la Chine peut aujourd'hui frontalement s'engager dans cette guerre en Ukraine? – Alors frontalement probablement pas, d'autant plus qu'on le sait, il y a la situation interne à la Chine qui est particulièrement délicate avec les effets de la pandémie, bien sûr aussi certains effets collatéraux sur la performance de son économie. Bien sûr la Chine poursuit un effort d'armement et de renforcement de ses capacités militaires, mais elle le fait dans une optique qui est dirigée vers l'Asie, vers le Pacifique, vers l'Indo-Pacifique maintenant, comme on l'appelle, ce n'est pas un effort qui était calibré pour participer directement à un conflit sur l'Ukraine, où évidemment les intervies d'Ideaux de la Chine ne sont pas en jeu. Mais il est clair que comme il y a un partenariat politique entre Xi Jinping et Vladimir Poutine, la Chine est à la recherche de solutions qui peuvent aider Poutine dans la situation où il s'est mise. – Vous l'avez brièvement évoqué tout à l'heure, cette assemblée générale des Nations Unies qui s'est réunie ce soir, finalement on en saura plus sur l'état du monde en quelque sorte après le vote? – Certainement on va pouvoir, je vais pas dire compter les points, c'est un peu désagréable dans le contexte actuel, mais c'est vrai que ça peut être un baromètre utile à comparer à la résolution qui avait été adoptée dans les jours après la première invasion, donc il y a un an. On se souvient notamment d'un discours du représentant du Kenya, l'Assemblée générale qui avait particulièrement marqué les esprits, ça n'avait pas empêché bien sûr un certain nombre de pays en développement d'afficher par l'abstention leur désintérêt de la question qui porte pourtant évidemment sur la souveraineté d'un Etat attaqué par un autre beaucoup plus puissant. On va voir effectivement quelles sont les résultats de cette année qui a vu tant de révélations, tant d'horreurs, tant de remises en cause du droit international, où se situent ces Etats à ce moment.

Et parmi tous les pays votants, on va particulièrement scruter le vote des pays africains, particulièrement sur France 24. Beaucoup c'était abstenu ou avaient voté contre les sanctions antirusses, les positions peuvent changer dès ce soir? – Alors ce n'est peut-être pas encore le cas parce que bien sûr on sait que la grande préoccupation de ces pays était en particulier de ne pas souffrir les contres ou économiques de la guerre, notamment pour ceux qui sont dépendants des productions agricoles tant ukrainiennes que russes, cela avait une importance particulière. Alors on sait bien sûr qu'il y a eu ce fameux accord sur le blé et les exportations d'engrais qui a été négociées et qui fonctionnent tant bien que mal. On ne peut pas dire évidemment que les préoccupations de ces pays ne sont pas efforcées, ils ne sont pas efforcés d'y répondre par des solutions. Maintenant on le sait, ces pays sont tous très sourcilieux au sujet de leur indépendance et de leur souveraineté et ils doivent se poser la question par rapport à ce conflit d'Ukraine. Est-ce que ça peut leur arriver à eux aussi? Et bien sûr c'est là-dessus qu'ils doivent savoir se situer. – Merci Paul Valet d'avoir accepté ce midi l'invitation de France 24.

Bonne journée à vous.



Asie, Chine, Diplomatie, Europe, France, France 24 invité, Guerre, Joe Biden, ONU, Pékin, Russie, USA, Ukraine, Union européenne, Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky, Wang yi, Washington, Xi Jinping, conflit, invasion

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne