Turquie : à Hatay, des miracles se produisent encore • FRANCE 24
Ce sont les images qui lui prouvent que ce n'était pas juste un cauchemar. Doucement, mets ton pied, calmement, calmement. Les secours le tirent hors des décombres. Il tient à peine debout. Il vient de passer 63 heures ensevelies sans boire ni manger. J'ai pris une grande bouffée d'air qui m'a fait tellement du bien. Je pense qu'à partir d'aujourd'hui, je vais fêter deux anniversaires.
Le vrai et celui de ma renaissance. Nous avons rencontré Gürkan Öztürk, ce lycéen de 19 ans miraculé d'ataille. Il a des contusions mais il va bien, même s'il a du mal à trouver le sommeil. Je me réveille en sueur, la gorge sèche et j'ai l'impression d'être de retour là-dessous. Quand le séisme secoue la Turquie en pleine nuit, il est seul dans un appartement en rez-de-chaussée. 13 minutes après, il retrouve ses esprits et filme. Mon Dieu, aide-moi.
Je ne veux pas mourir. Tout le quartier est détruit. Son immeuble s'est affaissé. Il est bloqué sous terre et arrive seulement à bouger un bras. Il essaye d'envoyer des SMS en vain. Il n'y a pas de réseau. Ses vidéos, il les fait pour ses proches au cas où il ne les revoit jamais.
Mes parents, mes frères, je vous aime. Il creuse autour de lui pour pouvoir respirer et a un réflexe, tapé inlassablement avec une pierre. Et tout à coup, une nouvelle réplique, 9 heures après la première. Il panique. J'ai glissé de plusieurs mètres, j'ai pensé que c'était foutu, que personne n'allait me sauver. J'ai perdu espoir. J'entends des éboulements de pierre.
C'est sa dernière vidéo. Quelques instants plus tard, son téléphone s'éteint, faute de batterie. Les heures suivantes, il perd la notion du temps. À l'extérieur, ses parents est pleuré, fouillé sans répit. Je disais, Gurkan, si c'est toi, tape deux fois. Et on a eu un bruit en retour. J'étais excité, mais aussi désespéré.
Je me suis dit, il vit, mais comment on va faire pour le sortir de là? Leurs fils disent ne les avoir jamais entendu, du moins consciemment. Le froid, la faim, la soif sont trop insupportables. J'hallucinais. Et dans mon rêve, on me disait de taper. Alors je tapais inlassablement. J'étais épuisé. Je criais de l'eau, de l'eau, mais personne ne m'entendait.
63 heures après le séisme, les secouristes finissent par trouver un chemin pour l'atteindre. Il a tout juste la force de lever la main. Lui qui rêve de devenir médecin, il a déjà réussi par sa détermination à se garder en vie.
Désastre, OMS, Syrie, Turquie