Le sommet UE à Kyiv : la "solidarité" et le "rapprochement" avec l'Ukraine, "l'unité" contre Poutine

Le sommet UE à Kyiv : la "solidarité" et le "rapprochement" avec l'Ukraine, "l'unité" contre Poutine



Bienvenue dans le fait du jour sur France 24, consacrée donc à ce sommet une européenne ukraine qui a lieu à Kiev. Kiev qui demande donc une accélération de la procédure d'entrée dans l'Union européenne. On va écouter tout de suite Volodymyr Zelensky. Je tiens à souligner que malgré la guerre d'envergure, 72% de nos engagements ont été remplis dans le cadre de l'accord d'association pour adhérer à l'Union européenne. Notre objectif est de commencer les pourparlers dès cette année. C'est notre devoir je dirais même. Le sommet d'aujourd'hui nous a permis des progrès dans le processus d'adhésion de l'Ukraine sur le marché de l'Union européenne.

Nous avons établi un plan d'action qui permettra à l'Ukraine de devenir un membre de l'Union européenne de fait dans plusieurs secteurs. L'énergie, les transports, le domaine financier, douaniers etc. On parle avec Frédéric Moro en direct de Bruxelles chercheur associé à l'IRIS, spécialiste de défense européenne, avocat au barreau de Bruxelles. Merci beaucoup d'être avec nous. Un premier point justement sur cette demande de Volodymyr Zelensky qui finalement demande des discussions sur l'adhésion à l'Union européenne avant la fin de l'année. Est-ce que les Européens peuvent véritablement lui donner satisfaction? Non, l'Etat ça me semble difficile. Les Européens sont confrontés au dilemme.

Ils doivent aller assez vite pour pas perdre l'Ukraine mais pas trop vite pour pas se perdre eux-mêmes. C'est un dilemme qui a été formulé par les responsables européens. Ils font tout ce qu'ils peuvent pour aider l'Ukraine mais il faut quand même respecter les procédures aussi bien pour l'Union européenne que pour l'Ukraine. Aujourd'hui le message du sommet de mon point de vue était triple. C'était un message d'abord d'unité de l'Union européenne, un message destiné à Vladimir Poutine. Il n'a pas réussi à briser l'unité des Européens. C'est la démonstration éclatée.

C'est un message de solidarité vis-à-vis de l'Ukraine. Le fait que quand même un ensemble de commissaires européens et le président du conseil se déplace à Kiev, c'est quelque chose d'inédit dans un pays en guerre. Et puis c'est un message vis-à-vis du président Zelensky justement vis-à-vis de ses demandes qu'il y a bien une réalité du rapprochement avec l'Union européenne. Ce n'est pas simplement un démo des paroles et un rapprochement de papier. C'est un rapprochement bien réel. Si j'ai bien compris, parce que c'est tout frais, le communiqué de presse vient juste de sortir. L'Ukraine va être admise dans quatre programmes européens, le programme Horizon, le programme Euratom, c'est quand même pas rien, le programme fiscalis et puis l'accès progressif à l'Union douanière.

Ce sont des pas énormes, des pas de géants. Il faut respecter les Etats, puis il y a des conditions, il y a des points très sensibles pour tous les Etats européens, notamment la corruption, notamment le respect des minorités. Il n'y a pas que les Russes en Ukraine, il y a aussi d'autres minorités qui concernent les Etats membres comme les Roumains ou les Bulgars. Donc il faut respecter les échéances. C'est aussi une marque de respect vis-à-vis des huit autres pays qui sont candidats à l'Union européenne qui eux attendent depuis des. Oui, il y a quelques années. On peut dire que le chemin est tracé en tout cas, ça on peut le dire.

Oui, il est tracé et l'objectif comme on dit, comme disait l'ancien premier ministre français, la voie est droite mais la panthérède. L'Union européenne a promis également 500 millions d'euros d'aides militaires et 45 millions d'euros pour la formation des soldats. Est-ce qu'elle a passé un cap véritablement l'Europe dans sa livraison d'armes à l'Ukraine? Non, je dirais pas ça. C'est une évolution. C'est pas un cap. Elle a simplement intégré la réalité de la guerre. Au départ, les Européens voulaient bien favoriser.

Ils voulaient que l'Ukraine gagne mais que la Russie ne perte pas. C'est un peu ce que voulait dire la formule très maladroite du président de la République en disant qu'il ne faut pas émider la Russie, il faut lui donner des garanties de sécurité. Aujourd'hui, ils ont compris que rien n'arrêtera Vladimir Poutine si on n'arrête pas nous-mêmes. Et que donc, le combat des Ukrainiens, les Ukrainiens doivent gagner la guerre. Mais la gagner vraiment est qu'il faut vraiment les aider. La plus belle fille du monde, évidemment, ne peut donner que ce qu'elle a. Mais plus vite on aidera les Ukrainiens à gagner la guerre, plus vite on terminera, c'est assez paradoxal.

Mais aider les Ukrainiens, c'est sauver des vies humaines. Alors c'est quoi gagner la guerre, évidemment? Oui, c'est ça. Qu'est-ce que vous appelez gagner la guerre? Et quelles sont les lignes rouges, finalement, pour les Européens? Bon, alors évitons d'abord de parler de lignes rouges. Ça n'existe pas. Ça n'existe pas. Non, c'est un concept. Ça n'existe plus.

Non, ça existe en diplomatie, dans la négociation, dans l'art militaire, c'est l'art de la guerre. Il vaut mieux éviter de parler de lignes rouges. Lignes rouges, c'est une annonce faite à l'ennemi que si vous franchissez tel seuil dans l'escalade, eh bien il va se passer tel et tel chose. Bon, généralement, ça sert à rien. On a bien vu les lignes rouges d'Obama en Syrie. En réalité, ils n'ont pas mis en exécution ces menaces. Donc il vaut mieux éviter de parler de tous ces concepts qu'on maîtrise mal.

C'est comme le concept d'escalade. C'est quoi, tout le monde parle d'escalade? Bon, une escalade, stratégiquement, ça a un sens. C'est accroître soit l'intensité, soit le champ de la guerre, en franchissant des seuils perçus comme tel par les belligérants. Voilà. Qu'est-ce que vous vouliez dire par gagner la guerre, justement, pour les Ukréniens? Parce que là, vous avez une définition claire. Pour les Ukréniens, la définition est claire. C'est réconquérir les territoires perdus depuis 2014.

Ça, c'est clair. Ça, c'est très clair. Et donc les Européens seraient derrière, jusqu'à ce qu'effectivement, ils le récupèrent, ces territoires aient compris la Crimée. Il faut que les Européens soient derrière, parce qu'au fond, c'est la seule voie de sortie possible que personnellement, j'entrevois à l'issue de cette guerre. Ils vont se battre jusqu'au bout. C'est une guerre qui peut durer comme la première guerre mondiale ou la deuxième guerre mondiale. Là, c'est un conflit qui peut durer quatre ans, avec non plus des centaines de milliers, mais des millions de morts à la crée.

Bon, jusqu'au moment où, si on laisse faire, ça sera tellement insupportable pour les uns et les autres que les Occidentaux vont devoir entrer eux-mêmes dans le conflit, comme les Américains qui ne voulaient pas rentrer ni dans la première guerre mondiale. Ils ont quand même mis trois ans. Donc là, je dirais, là, il a quand même la limite pour les Européens. Ils ne sont pas prêts à rentrer en guerre avec la Russie. Mais personne ne veut rentrer en guerre avec la Russie, enfin, soyons raisonnables. Personne n'a envie de déclarer la guerre à la Russie. Et pas même les Ukrainiens, aucun dirigeant ukrainien n'envisage d'envoyer le territoire de la Russie.

C'est une chose de vouloir récupérer les territoires qui ont été conquis par une guerre d'agression illégale, illégitime. Ça n'est un autre de vouloir. Personne ne parle d'aller jusqu'à Moscou. Personne ne parle de menacer les intérêts vitaux de la Russie. Voilà. Mais pour cela, il ne faut pas se laisser intimider par le chantage nucléaire de Poutine. C'est un fait stratégique majeur, ce qui est en train de se passer.

Je ne sais pas si tout le monde en a bien conscience. Mais c'est la première fois depuis Hiroshima et Nagasaki que les armes nucléaires sont utilisées par une puissance dotée pour attaquer une puissance non dotée en restant impunies. C'est complètement nouveau aussi. Si on laisse passer ça, alors demain la Chine peut attaquer Taïwan, la Corée du Nord peut attaquer la Corée du Sud et à la fin, la propre prolifération nucléaire va se développer. – Merci beaucoup. – Et à la fin des fins, voilà. – On vous a bien compris.

Merci beaucoup, Frédéric Morot d'avoir été avec nous, un chercheur à la Société à l'Iris, spécialiste défense européenne et avocat également au Barreau de Bruxelles. Merci encore.



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