George Santos, le Pinocchio du Congrès américain - En toute subjectivité

George Santos, le Pinocchio du Congrès américain - En toute subjectivité



7h20 en toute subjectivité ce matin avec le directeur de la publication et de la rédaction du quotidien Libération. Dove Alphon, bonjour. Bonjour Nicolas. Dove, vous vous intéressez à un membre républicain du Congrès américain dont on n'a pas fini d'entendre parler? Mais qui est-il? On en sait des choses pourtant sur Anthony Devolder, alias Georges Santos, alias Pinocchio en fait. Fréchement élu à la Chambre des représentants, sa biographie est comme un rêve américain réécrit par l'intelligence artificielle. Ses grands-parents, rescapés de la Shoah, qui se sent en fuit à temps au Brésil, sa mère, une des rares survivants de l'attentat du 11 septembre, la bourse étudiante obtenue grâce à ses talents au volleyball, sa fierté d'être ouvertement homosexuel depuis son adolescence, sa brillante carrière à Wall Street, son impressionnant portefeuille immobilier, son mari brillante économiste et leur quatre chiens, et bien sûr son amour pour les bêtes qui l'a conduit à avoir sa propre fondation et à sauver plus de 3 000 animaux abandonnés. Juste avant Noël, le New York Times publie une enquête questionnant l'authenticité de ses diplômes.

Depuis, chaque jour apporte de nouvelles révélations. Georges Santos n'a jamais joué au volet, ni fait des études. Ses grands-parents catholiques vivaient paisiblement au Brésil pendant la 2e guerre mondiale. Sa mère n'avait toujours pas émigré aux États-Unis lors de l'attentat du 11 septembre. Il n'a pas de bien immobilier et a tendance à quitter ses colocations sans payer sa part de loyer et il n'a jamais travaillé à Wall Street, ni nul par ailleurs. La presse américaine n'ayant pas chômé ce week-end, nous voilà ce matin avec de nouvelles révélations tout aussi stupéfiantes. Ainsi, son marine n'est pas un brillant économiste comme il n'a jamais existé.

Par contre, Georges Santos a une femme dont il a divorcé avant son élection. Enfin, s'il n'a pas de fondation pour la condition animale, il aurait scroqué de 3000 dollars un vétéran de l'armée américaine qui cherchait à financer une opération pour sauver son chien. Et avec tous ces soupçons d'offre, comment peut-il encore tenir? C'est que Georges Santos, si c'est son nom Nicolas, n'est pas seulement le plus grand menteur du Congrès américain, il en est aussi le plus chanceux. Les Républicains ne peuvent pas l'exclure quand leur majorité ne tient qu'à un fil. Et les démocrates doivent prouver qu'il a menti sur l'un des deux seuls éléments qu'il discalifirait, son lieu de naissance ou son âge. Or, Santos est bien né à New York il y a 34 ans et formellement, il n'a donc pas menti. C'est très drôle bien sûr, mais juste quand la confiance des américains à leur démocratie est au plus bas, cette histoire saugrenue risque de ne nous pas nous faire y longtemps.

Comme le dit un de ses collègues, tous les politiques mentent pour se faire élire, mais il a quand même un peu exagéré. De Val Fond, merci, à lundi prochain!.



['23 Janvier 2023', 'En toute subjectivté', 'France Inter']

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