Japon-Corée du Sud : des relations difficiles et un héritage de colonisation amer • FRANCE 24

Japon-Corée du Sud : des relations difficiles et un héritage de colonisation amer • FRANCE 24



. C'est une colère qui gronde depuis début mars dans les rues de Séoul. Ces sud-coréens disent non à un projet de leur gouvernement. Le but du nouveau président, indéniser les victimes de travail forcé pendant l'occupation japonaise de la péninsule entre 1910 et 1945. Une idée positive en théorie, mais c'est la méthode qui fait scandale. L'Etat coréen souhaite que ce soit des entreprises de son pays indemnisées dans le passé par le Japon qui verse l'argent. Séoul demande également un geste à des entreprises japonaises, mais pour beaucoup de coréens, hors de questions de demander gentiment, ce n'est pas à la Corée de payer les crimes du Japon.

Pour redorer son image, le Japon doit indemniser les victimes de massacre, comme mon grand-père. Et aussi les victimes de travail forcé. Les excuses du Japon sont une priorité, car certaines victimes sont toujours vivantes. Avant qu'elles ne meurent toutes, des excuses claires sont nécessaires. Le plan d'indemnisation concerne aujourd'hui une quinzaine de victimes et leur famille. Un chiffre symbolique, car leur nombre réel est bien plus important. Selon la Corée du Sud, près de 780 000 coréens auraient été soumis au travail forcé pendant les 35 années d'occupation japonaise.

Exploité et mal voire non payé, ils travaillaient pour des entreprises nipponnes dont certaines, comme Mitsubishi, existent encore. La plupart des victimes sont décédées aujourd'hui, mais certaines sont représentées par leurs descendants. Un autre thème attise davantage la colère. Les femmes de réconfort, un neuf émisme pour qualifier ces coréennes prostituées ou violées par les soldats japonais. Certaines ont trouvé le courage de parler, de mettre des mots sur une souffrance qu'elles regardent aujourd'hui bien en face. Cette photo a été prise de la première fois que je suis allée à Kawasaki, au Japon. J'ai marché de l'église de Kawasaki jusqu'à Tokyo, tout en portant des vêtements blancs pour faire la manifestation.

Liung So est adolescente lorsqu'elle est enlevée par l'occupant japonais pour devenir femme de réconfort sur un navire japonais. Une personne m'a dit d'aller dans la chambre d'un soldat. Quand j'ai dit que je n'irai pas, ils ont dit qu'ils allaient me tuer et m'ont torturé à l'électricité. Mon corps a tremblé très fort. Je les ai suppliés de ne pas me tuer. Au milieu de l'horreur, la jeune fille croisera à quelques militaires japonais qui laient t'en cacher. Lorsqu'elle revient en Corée, elle dissimule la tragédie qu'elle a vécue.

Aujourd'hui, elle veut croire un rapprochement entre les deux pays. J'espère que ce sera résolu rapidement. Je considère le Japon comme notre voisin et pas comme notre ennemi. Tournez la page, mais sans oublier. Dans le sud du pays, ce musée conserve la mémoire de cette tragédie. Si officiellement 240 coréennes victimes ont été identifiées, c'est où les stimes qu'entre 80 et 200 000 femmes auraient subies ces atrocités. Les victimes ont dû faire face à des dizaines de soldats chaque jour, avec difficultés.

Les moments difficiles pour les victimes ne se sont pas terminés à ce moment-là. Ils ont continué, même après leur retour en Corée. Le Japon a pourtant déjà présenté des excuses depuis la fin de la guerre. Mais pour de nombreux coréens, ce ne sont que des mots. Vite de sens. Ils accusent notamment les manuels scolaires japonais de minimiser les atrocités commises pendant l'occupation. Du côté des responsables politiques nippons, les hommages dans certains sanctuaires du pays où reposent des criminels de la Seconde Guerre mondiale sont monnaies courantes.

Autant de symboles qui sont en train de se faire croire sont monnaies courantes. Autant de symboles qui attisent la colère de coréen sans choquer la majorité des Japonais. Les Coréens sont à fleurs de peau, même en ce qui concerne les femmes de réconfort. Le gouvernement japonais a déjà présenté des excuses. C'est pour ça qu'on considère le problème résolu. Mais ils sont toujours en colère et réclament encore des indemnités. Et même quand le gouvernement coréen dit qu'il s'en occupe, ils sont contre et se mettent en colère.

Le fait que l'armée japonaise a pu faire une chose pareille dans le passé, je trouve ça honteux. Par contre, si on essaie de prouver qui a tort et qui a raison, ça va être compliqué de résoudre ce problème. Le gouvernement japonais ne veut plus entendre parler de compensation et estime avoir déjà fait le nécessaire lors d'un précédent accord en 1965. Pourtant, ces derniers mois, un danger commun force la Corée le Japon à mettre de l'eau dans leurs vins et à se rapprocher d'un de l'autre. Le Japon se sent très menacé par la Chine. Et la Corée du Sud est dans la même position. Face au conflit américano-chinois et la montée en puissance de la Chine, le Japon et la Corée du Sud partagent un intérêt commun.

Signes de réchauffement, mi mars, le président sud coréen était invité pour la première fois en 12 ans à Tokyo.



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