Guerre en Ukraine : Poutine annonce qu'il va déployer des armes nucléaires tactiques en Biélorussie
On en parle avec Guillaume Ansel, ancien officier et écrivain, co-auteur de Goodbye Poutine chez Guinko-Editeur. Bonsoir à vous et merci d'être avec nous ce soir. Alors pourquoi d'abord ce chantage au nucléaire de Poutine une nouvelle fois ? Est-ce que c'est différent cette fois ou est-ce qu'il fait à nouveau le test, à nouveau test aux alliés ? Très clairement, ce que Poutine essaie de faire en ramenant les opinions publiques sur une question nucléaire, c'est d'abord faire oublier la série d'échecs à laquelle il est confronté. On se souvient qu'il y a encore deux semaines, nous étions tous, moi le premier, persuadé que la ville de Bakhmut allait tomber, puisqu'elle était encerrée dans un netto organisé par les forces russes et qu'elle n'avait plus aucune chance de s'en sortir. Même ça, il n'a pas réussi à aller jusqu'au bout. C'est une vraie défaite, alors que ça n'est plus qu'un tas de ruines sur lequel ils ont tiré pendant 9 mois. Donc de ne même pas arriver à conquérir une ville petite de 60 000 habitants entièrement détruites par les combats, il n'a plus de crédibilité militaire sur le plan de l'Ukraine.
Et comme par hasard à ce moment-là, il vient agiter le spectre nucléaire, comme il fait à peu près toutes les trois semaines, pour expliquer que ça reste une nation très menaçante. Ça, d'abord, on le savait, et d'autre part, de mettre des armes nucléaires tactiques en biélorussie ne change rien au fait que de toute façon, Vladimir Poutine dispose de lanceurs, de missiles, qui ne nécessitent pas d'être déployés en biélorussie pour menacer l'Europe. Donc c'est vraiment juste, encore une fois, une opération médiatique de propagande pour essayer de montrer qu'il faut craindre le pouvoir de Vladimir Poutine. Et là, on est bien sur le point essentiel de cette guerre contre l'Ukraine. C'est que tant que Poutine sera au pouvoir, il n'y aura pas de paix durable en Europe. Donc pour vous, c'est une opération de communication essentiellement, ou est-ce qu'il va effectivement mettre en place ces armes nucléaires tactiques ? La biélorussie est-elle prête d'ailleurs à les recevoir ? Alors d'abord, les biélorusses ne sont jamais consultés sur le sujet. Ces Poutine qui en disposent évidemment, les armes ne seront pas à la disposition de l'armée biélorus, mais ce seront des armes opérées par l'armée russe, qui se sert, comme vous l'avez très bien dit, dans votre sujet, qui se sert de la biélorussie en bas arrière.
Mais les biélorusses, jusqu'ici, ne souhaitent pas du tout participer à ce conflit contre l'Ukraine, dont ils se sentent très proches et dont ils ne voient absolument pas pourquoi ils iraient se battre pour Poutine dans une guerre qui leur semble totalement inutile. Donc cette affaire d'armes nucléaires en biélorussie, c'est clairement une offensive médiatique et non pas militaire de Poutine qui veut absolument attirer l'attention sur le fait qu'il ait une menace pour les autres, alors qu'en réalité en Ukraine, il n'arrive pas à progresser. – Les États-Unis n'ont aucune indication, c'est ce qu'ils disaient en tout cas, il y a un petit moment, il y a quelques instants, que la Russie est transférée des armes nucléaires à la biélorussie, ni même d'ailleurs que Poutine ait l'intention de recourir à l'arme nucléaire en Ukraine, c'est ce qu'a dit hier, au responsable américain, est-ce qu'ils minimisent les Américains, est-ce que ça fait partie de leur stratégie ? – Alors en fait les Américains font très attention à ce qu'on n'escalate pas inutilement ce conflit et je pense qu'ils ont parfaitement raison. On voit que Poutine aimerait le bloquer en disant que vous avez vu, soit vous cédez à tout ce que je veux et soit on va directement sur un conflit nucléaire, mais encore une fois il n'a pas besoin de déployer des armes nucléaires en biélorussie pour pouvoir en lancer sur l'Europe, c'est pour ça que cette manœuvre, pour moi n'a aucun autre sens que d'essayer d'étendre le conflit à un stade plus élevé de la part de Poutine. Mais ce déploiement n'a pas de sens et c'est pour ça que les Américains précisent qu'à ce stade ils n'ont aucune indication, ils surveillent très étroitement bien sûr avec des senseurs, le déploiement d'armes nucléaires, ils n'ont aucune indication et même si il y avait des armes nucléaires qui étaient stockées en biélorussie, ça ne changerait rien en réalité à la manière dont le conflit est conduit aujourd'hui par Vladimir Poutine. – C'est une sorte de coup de blœuf alors ? – Il n'y a pas plus de menace nucléaire. – C'est une sorte de coup de blœuf de Poutine ? – C'est plutôt une manière d'occuper la scène médiatique sans parler uniquement de ses échecs, parce que la grande offensive, il faut rappel que en février les russes ont annoncé qu'ils allaient lancer de grandes offensives en Ukraine, Poutine ne renonce absolument pas à conquérir l'Ukraine.
En un mois de combat ils ont conquis 0,01% du territoire ukrainien avec des pertes colossales, et une consommation incroyable de ce qui lui reste d'armées russes en Ukraine. – Un mot sur la diplomatie chinoise, est-ce que ça montre finalement ce type de déclaration de Poutine que la diplomatie chinoise a échoué parce que finalement Poutine n'en fait qu'à sa tête ? – Alors, la Chine joue toujours un rôle très ambigu sur la question de la guerre contre l'Ukraine. D'un côté, elle montre qu'elle aurait une forme de soutien pour Poutine, mais comme l'on rappelait des Américains hier dans la même déclaration d'ailleurs, c'est qu'à ce stade les Chinois n'ont pas livré d'armes à Poutine, alors que Poutine a absolument besoin d'armes pour rééquiper son armée, qu'il n'a plus que des poitrines nues à opposer aux Ukrainiens. Et pendant ce temps, les Ukrainiens sont en train de préparer une force offensive, dont ils vont sans doute se servir dans quelques semaines au printemps pour lancer des offensives majeures. Donc on voit bien que les Chinois jouent le rôle de comment on pourrait faire pour affaiblir au maximum ceux qui estiment être leurs compétiteurs et pas leurs ennemis, c'est-à-dire les puissances occidentales et surtout les États-Unis, mais que pour l'instant ils ne souhaitent pas du tout participer à ce conflit. – Merci beaucoup d'avoir été avec nous, Guillaume Ansel, ancien officier écrivain, co-auteur. Je vous rappelle de Goodbye Poutine chez Guinko, éditeur.
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