Israël : "on ne peut plus détourner les yeux de cette situation" • FRANCE 24

Israël : "on ne peut plus détourner les yeux de cette situation" • FRANCE 24



Dominique Vidal, bonsoir, merci beaucoup d'être avec nous sur France 24. Ce regard de violence, il était prévisible? C'est le moins qu'on puisse dire, on est dans une escalade ininterrompue depuis le 1er janvier. On a 31 morts, votre journaliste l'a dit, 27 jours. Plus d'un mort par jour du côté palestinien, don 9 hier à Dgénine. Plus généralement, l'année 2022 a battu tous les records depuis 2005, depuis la fin de la seconde dintifada, on a eu 231 palestiniens tués, et 26 morts du côté israélien. Alors on a, si vous voulez, un facteur majeur de toute évidence, à mon avis, qui est l'investiture de ce gouvernement qui est le plus à droite, même à l'extrême droite de l'histoire d'Israël, avec notamment des ministres suprémacistes, juifs, racistes, homophobes, qui ont visiblement la volonté de marquer de leur empreinte, et une empreinte extrêmement violente la situation sur le terrain. Que ce soit Ben Vire ou que ce soit Smotrish, l'un comme l'autre veulent coloniser, il le dise, la Cisjordanie, en vue de l'annexer, et si possible, dans une transférée les palestiniens à l'extérieur.

Et dans ce contexte, avec ce gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël, les tensions pourraient s'accentuer dans les jours, dans les mois qui viennent, dans la région? Je le crois parce que si vous voulez, on a toujours annoncé une troisième intifada. Moi je ne pense pas que les choses se fassent comme ça dans la répétition d'expérience du passé, mais on est devant une situation explosive de toute évidence. Il y a cette volonté du gouvernement israélien d'écraser les palestiniens. Il y a du côté palestinien une résistance très forte et qui recourt à la lutte armée pour la première fois depuis des années et des années. Et on a un proche orient dans l'impasse avec, si vous voulez, des réactions, qui sont des réactions qu'on peut comprendre, du côté arabe, même parmi les signataires des Accords d'Abraham, ou ceux qu'on espérait voir du côté israélien se joindre aux Accords d'Abraham. Il y a extrêmement de manière forte, en tout cas extrême, c'est peut-être trop dire, mais de manière forte des réactions, notamment par exemple, à la visite provocatrice de Benkvir sur les planades des Mosquées. Vous avez très récemment le ministre saoudien des Affaires étrangères, l'Arabie saoudite dont Israël expert, qu'elle se joigne aux Accords d'Abraham et qui a dit pas question tant qu'on n'a pas une solution pour les palestiniens avec un état pour eux.

On a du côté américain une certaine nervosité qui grandit, peut-être que vous l'avez noté, mais une délégation du Congrès américain s'est rendue en Israël récemment et elle a refusé de rencontrer que ce soit Benkvir ou Smotrich, ces éléments extrémistes du gouvernement. Bref, on est dans une situation qui effectivement est inquiétante. Et les États-Unis qui en même temps maintiennent leur ambassade à Jérusalem, même avec l'administration Biden? Absolument, il y a dans l'administration Biden une hésitation visible. L'idée, c'est d'essayer de calmer le gouvernement israélien, mais de toute évidence, celui-ci ne se calmera pas s'il n'y a pas de sanctions qui sont prises contre cette escalade de violence. L'attentat de ce soir est inacceptable, bien sûr. On ne peut pas attaquer des civils à forcierie dans un édifice religieux. C'est moralement condamnable, c'est évidemment contre-productif du point de vue politique, mais on sent, chacun sent, le rapport avec ce qui s'est passé depuis le début de l'année.

On a chez les Palestiniens une colère, un désespoir, toutes composantes, on le sait bien, des explosions possibles. Et en même temps, ces Palestiniens aujourd'hui sont très divisés. Il y a différents mouvements, Marmoud Abbas aujourd'hui, il ne fait d'air plus derrière lui. Écoutez, ni Abbas en six Jordannis, ni le Hamas en Gaza ne contrôlent plus réellement l'opinion Palestineenne, n'en veut plus. L'opinion Palestineenne voulait des élections qui ont été malheureusement reportées il y a un an et demi. Et donc si vous voulez, on sent, moi, chaque fois que j'ai été dans les dernières années, on a vu monter cette colère, ce désespoir. Je ne sais pas qui a commis l'attentat de ce soir, visiblement le toit a été lui-même assassiné.

Mais tout évidence, il ne s'agit pas d'un commando organisé par telle ou telle organisation. Il s'agit sans doute comme dans le passé de jeunes qui sont désespérés au point de commettre des actes de ce type. – Il y en a un tentat qui n'a toujours pas été revendiqué. Quelles conséquences pourraient-ils avoir ce regard de tension dans la région, plus globalement aussi, sur l'ensemble du Proche-Orient? – Écoutez, ce que je crois, c'est que cet attentat de ce soir, après l'escalade que j'ai décrite depuis ce début d'année, il appelle surtout la communauté internationale à cesser de détourner les yeux du conflit israélo-palestinien. Il faut que les États-Unis, que l'Europe, que l'ensemble des partenaires, y compris les régimes arabes environnants, s'occupe sérieusement d'imposer au dirigeant israélien la reprise de négociations sur des bases claires, sinon il faut effectivement sanctionner. C'est d'ailleurs un peu ce qui s'est passé avec l'appel de l'Assemblée générale de l'Oénu, malgré les efforts israéliens, à la Cour internationale de justice. Vous avez vu que les dirigeants israéliens étaient très mécontents de cet appel.

On sent à l'Oénu, quand on regarde les votes d'ailleurs ces derniers temps, un isolement tout à fait remarquable d'Israël, dans le vote de la fin décembre sur la question de l'autonomie, de l'autodétermination, de l'indépendance palestinienne, si vous voulez. On a eu que cinq États qui ont voté contre, y compris Israël et les États-Unis. Ce qui ne reste pas la peine de les citer, ce sont des tout petits États qui n'ont pas de grande importance sur la scène internationale. Il est temps de faire entendre cette voix-là, qui est la voix de l'immense majorité de la population mondiale, et de mettre en route un nouveau processus. Je pense que la France devrait prendre des initiatives. On ne peut plus détourner encore une fois les yeux de cette situation, qui peut effectivement avoir des conséquences graves. Je pense même, par exemple, que les accords d'Abraham, dont les Israéliens étaient très fiers, pourraient être remis en cause.

La dernière enquête du CAREP, qui est un organisme d'enquête assez sérieux, qui porte sur 33 000 personnes sondées en direct, en face à face, par 900 chercheurs, nous donne des résultats étonnants. C'est-à-dire moins de 10 % des Arabes, de tous les Arabes, du Proche et du Moyen-Orient, mais aussi du Maghreb, sont d'accord avec la normalisation avec Israël, tant que les Palestiniens n'ont pas de satisfaction de leur aspiration nationale. Donc si vous voulez, cette situation-là, elle implique que le monde s'en occupe, qu'on arrête de détourner les yeux. Merci beaucoup Dominique Vidal d'avoir été notre invité ce soir sur France 24. Je rappelle cet attaque à Jérusalem-Est, qui a fait au moins 7 morts près d'une synagogue. Donc ça s'est passé un peu après 20 heures locales. L'assaillon lui a été tué, il s'agirait d'un Palestignant de 21 ans.

Une attaque qui n'a toujours pas été revendiquée.



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