Faut-il supprimer les trottinettes ?

Faut-il supprimer les trottinettes ?



Pendant longtemps, la trottinette c'était ça, propulsée à la force démolée. Quand la version motorisée arrive, c'est une petite révolution. En l'espace d'un an, une quinzaine d'entreprises de location déploie leur flotte. Des dizaines de milliers de trottinettes apparaissent sur les trottoirs de plusieurs grandes villes. Avec une application, les utilisateurs géolocalisent la trottinette et la loue, puis la dépose ou bon leur semble. C'est une bonne manière pour se transporter dans la vie. C'est un bon monnaie parmi d'autres en fait.

Elle passe à grosse vitesse, on doit se pousser. Dangerose, gênante, pas écologique. Assez vite, elles sont accusées de tous les mots, mais est-ce que c'est mérité ? Et puis ces trottinettes sont-elles bonnes ou mauvaises pour l'environnement ? Quand les trottinettes électriques en libre service arrivent, aucun cadre juridique n'existe. C'est l'anarchie. Anarchie c'est un grand mot. Olivier Rasmont, c'est mon collègue spécialiste de l'ET. Il y a eu quand même énormément d'opérateurs qui m'ont installé leurs trottinettes absolument là où ils voulaient n'importe où.

Et les gens les utilisaient comme bon leurs semblées et parfois n'importe comment. Bon, quand même, pour calmer les choses, plusieurs règles sont décidées. D'abord, interdiction de rouler et de se garer sur les trottoirs. Deux, des zones de stationnement dédiées sont définies. Trois, le nombre d'opérateurs est restreint. À Paris, il passe de 12 à 3. Quatre, les mineurs n'ont plus le droit de louer des véhicules.

Et puis, la vitesse bridée à 20 kmh descend automatiquement à 10 kmh dans les zones à forte densité humaine. Malgré tout, les opérateurs ont encore du travail pour redorer leur image. L'image de 2019, elle est restée ancrée un peu dans l'empreinte rétinienne des gens, même si aujourd'hui, objectivement, c'est plus le bazar en ville. Si l'image est mauvaise, c'est aussi sans doute parce que la trottinette blesse et tue des gens. Mais le fait-elle plus que les autres moyens de transport ? Malgré la limitation de la vitesse et l'interdiction de rouler sur les trottoirs, les accidents impliquant des trottinettes continuent d'augmenter. Dans ce bilan de la sécurité routière, les trottinettes sont comptabilisées dans la catégorie EDPM, un gien de déplacement personnel motorisé, avec la trottinette personnelle, le monorou, le gyropod et l'overboard. Entre 2019 et 2022, la hausse de la mortalité est de 240 %.

Sur la même période, le nombre de blessés a bondi de 261 %. En parallèle, les ventes de trottinettes individuelles ont explosé depuis 2017, rien qu'en 2021, et sont vendus près d'un million en France. Évidemment, si l'objet se développe plus, l'accidentologie augmente en même temps aussi. Alors, la trottinette est-elle plus accidente aux jeunes ? Pour l'instant, il n'existe que des statistiques déclaratives. Dans cette étude menée à Paris, un usagé sur quatre des trottinettes en libre-service déclare avoir déjà eu un accident. C'est moitié moins que les Vélibes et presque deux fois plus que les Vélos, ou les Scooter en libre-service. Et 6 % d'entre eux signalent avoir eu un accident entraînant une prise en charge médicale.

Les gens commencent à s'accoutumer à l'objet. Les autres utilisateurs de la chaussée, les automobilistes en particulier, ou les Scooter, n'ont pas forcément appris à anticiper ni la vitesse, ni la direction, ou le changement de direction possible d'une trottinette. Comme tout nouveau moyen de transport, la trottinette pose plusieurs problèmes d'adaptation. Mais le jeu en vaudrait la chandelle. Car un des arguments mis en avant par les opérateurs, c'est que la trottinette électrique serait un moyen de transport écolo. Mais le vernis-vers se craquel dès les premiers mois. Ces véhicules, importés de Chine qui roulent avec des batteries ou lithium, on les retrouve par centaines, vandalisés ou dans les cours d'eau.

Alors, sont-ils vraiment bons pour l'environnement ? Au départ, pas vraiment. Qu'il s'agisse de la fabrication, de l'usage des infrastructures, de la gestion de la flotte, une étude conduite en 2019 additionne toutes les émissions de CO2 équivalents du cycle de vie d'un mode de déplacement et en déduit des émissions par kilomètre et par passager. La trottinette est loin devant les autres modes de transport actif ou électrique, et la plupart des transports en commun. La moitié de ces émissions est due à la fabrication. Cela pèse lourd car la durée de vie calculée est relativement courte. 3750 km contre 15 000 pour une trottinette personnelle. A cette époque, les trottinettes qui étaient utilisées, c'était des petites trottinettes de 12 kg, qui n'étaient probablement pas assez robustes pour un usage partagé, qui est souvent fait des usagers peu expérimentés, ou des usagers un peu moins soigneux, parce que ce n'était pas tout simplement leur trottinette.

L'autre moitié des émissions vient de la gestion de la flotte. Changer les batteries, réparer et repositionner les véhicules, tout ça est souvent fait avec des véhicules thermiques. Mais depuis 2019, beaucoup de choses ont changé. Dans ce vélo cargo électrique, une quinzaine de batteries chargées à 100%. Elles vont être réparties sur les trottinettes qui en ont besoin. Chez cet opérateur, la flotte de logistique est presque 100% électrique, donc moins polvente. Elle est aussi majoritairement chez ses concurrents.

Et puis, fini, la trottinette quasiment jetable. D'abord parce que beaucoup moins de véhicules finissent dans les canaux ou les fleuves. Au tout début, il y a deux ans, on était aux alentours de 90 véhicules rebaîchés à chaque opération. Trottinette et vélo, en confondue. Aujourd'hui, on en a des nombres aux alentours de 30, 40 maximum par repêche. Et puis, même après un séjour d'ondes canales, elles peuvent être réparées. On travaille avec un fabricant de trottinette, sur lequel il y a des charges particuliers qui est pour une forte utilisation et donc le partage.

Ce qui nous a permis de faire une trottinette qui est réparable. On va désosser une trottinette, on va récupérer toutes les pièces, on va pouvoir les réutiliser pour d'autres réparations. Donc ça, ce n'était pas le cas au début. Tout cela allonge la durée de vie du véhicule et donc allège son bilan carbone. En 2021, le bilan carbone des trottinettes partagées a été divisé par deux par rapport à 2019. Ce qui compte aussi, quand on calcule l'impact carbone, c'est le moyen de transport que les trottinettes électriques ont remplacé. Ça s'appelle le report modal.

34% des utilisateurs prenaient les transports en commun avant l'arrivée de ces trottinettes. 42% des modes actifs comme la marche ou le vélibre. Pour 19%, la trottinette a remplacé des modes de transport thermique et donc moins écologique. La plupart du temps donc, la trottinette remplace des déplacements qui étaient faites de manière plus écologique avant et une fois sur cinq, des déplacements qui étaient fait de manière plus polluante. Au final, les trottinettes électriques en libre service émettent plus de CO2 qu'elles n'en évitent. Elle n'est pas excellente mais pas si catastrophique que ça non plus dans le cadre de Paris du point de vue climatique. Elle est aussi intéressante si c'est une porte d'entrée vers l'acquisition d'une trottinette électrique personnelle qui va avoir un impact environnemental plus faible.

En définitive, cet offre de micro mobilité permet de tester une autre manière de se déplacer et peut-être de moins prendre la voiture. Cela reste tout de même plus nocive pour l'interronnement que le vélo, la marche ou même la bonne vieille trottinette sans moteur. Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org.



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