Réforme des retraites: la tension monte à l'Assemblée

Réforme des retraites: la tension monte à l'Assemblée



Vous n'avez pas frappé les pupitres, la parole est au gouvernement. L'ambiance était électrique hier, explosive, à l'Assemblée pour la première journée d'examen du projet de loi sur les retraites. On a entendu du bruit hier, mais est-ce qu'on a entendu des arguments de fonds? Eh bien la réponse, pas franchement. C'était plutôt la journée des gros sabots, des gros slogans, les échanges ont été vifs et les arguments un peu sur le mode du plus et gros, plus ça passe. Écoutez par exemple Olivier Dussott. C'est avec fierté qu'au nom du gouvernement, au nom de la première ministre, je vous présente aujourd'hui une réforme d'équité progrès qui répartit les forts que nous demandons de manière juste. Bah non, on peut dire beaucoup de choses sur cette réforme de retraite, mais certainement pas que c'est une réforme d'équité et qu'elle répartit les forts de manière juste puisqu'on le rappelle, seuls les salariés, seuls les actifs sont concernés et absolument pas les entreprises ni les retraités.

Autre punchline signé Gabriel Attal, celle-là, écoutez. N'ayons pas peur de le dire, en matière de retraite, mesdames et messieurs les députés, c'est une réforme ou la faillite. C'est ça la réalité de notre système aujourd'hui. Ah non, là encore, le système n'est pas en faillite. Le rapport du corps dit qu'il va y avoir des déficits. C'est vrai entre 05 et 08 points de PIB d'ici 2030, mais qu'après, le système reviendrait à l'équilibre et serait même excédentaire à partir de 2050. Donc oui, ça va coûter de l'argent, mais non, c'est pas la faillite.

Du côté de l'opposition aussi, les gros sabots étaient de sortie. Écoutez par exemple la chef de file des députés insoumis Mathilde Pano. Vous ne serinez avec la valeur travail, la valeur travail, la valeur travail. Non, vous ne défendez pas la valeur travail. Vous défendez la valeur servitude. La servitude, carrément. Alors c'est sans doute un clin d'œil à l'auteur du discours de la servitude volontaire, Étienne de la Boécy, cher à Jean-Luc Mérenchon, qui lui a même donné le nom de sa fondation.

Mais si le report de l'âge légal est contestable, discutable, ça n'est pas non plus une servitude, pas plus qu'une peine de prison. Et puis j'ai gardé le meilleur, plutôt le plus symptomatique des débadières pour la fin, avec une punchline signée François Ruffin qu'on a connu, sans doute plus inspiré, écoutez. Vous faites pitié. Oui, monsieur le ministre, mesdames et messieurs les députés, et monsieur le Président ici absent, vous faites pitié. Alors là, quand on en est là, c'est le degré zéro du débat. L'injective remplace l'argument et c'est dommage pour le débat démocratique, car certaines réformes auraient mérité d'être discutées, point par point, et non pas coup de point, pas coup de point.



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