Retraites: Marine Le Pen explique sur BFMTV pourquoi elle dépose une motion de censure
Pardon, priorité au direct, on va au Palais Bourbon, justement, puisque nous sommes avec la députée et l'Assemblement national, faisant du groupe Marine Le Pen. Bonsoir, madame Le Pen. Vous venez d'annoncer il y a quelques minutes que vous déposiez une motion de censure. On a besoin d'explications. Que se passe-t-il au Palais Bourbon? Dites-nous. Il se passe qu'il reste 13 800 amendements, que au rythme où nous allons, il faudrait 1 150 heures pour pouvoir les analyser, et qu'il nous reste 28 heures de débat. Cela veut dire que non seulement nous n'allons pas arriver à la fin du texte, mais de ce qu'on croit, nous n'allons même pas arriver à l'article 7, qui est l'article majeur de cette réforme, puisque c'est celui qui, à longs de 2 ans, l'âge de départ à la retraite.
Il faut donc que nous puissions nous exprimer sur cette réforme. Le seul moyen de s'exprimer sur cette réforme, c'est de déposer cette motion de censure. C'est une sorte de référendum parlementaire. Ceux qui sont contre cette réforme, peuvent voter cette motion de censure pour exprimer le désaccord des dizaines de millions de Français qui rejettent cette réforme, et qui ne vont pas pouvoir voir, leurs représentants à l'Assemblée nationale s'exprimer, compte tenu et du comportement du gouvernement, avec le véhicule législatif qu'il a choisi, et du comportement de la nupelle, ce qui a déposé, vous le savez, 14 000 amendements. – Mais pour qu'on comprenne bien Marine Le Pen, quand cette motion de censure que vous déposez pourrait être discutée? – Elle pourrait être discutée dans 48 heures, je l'ai déposée à 17h55, donc vendredi à 17h55, elle peut être discutée. Elle participe d'ailleurs des débats, puisque en réalité, elle va permettre à l'ensemble des groupes de pouvoir faire leur explication de vote, les fameuses explications de vote, dont ces groupes auront été privés par la longueur inouïe des débats sur cette réforme des retraites. En réalité, j'ai le sentiment, si vous voulez, que personne ne voulait arriver aux votes, les LR ne veulent pas arriver aux votes, parce qu'en fait, ils n'ont pas du tout envie de prendre position.
La nupelle ne veut pas arriver aux votes pour pouvoir accuser le gouvernement d'autoritarisme, et le gouvernement ne voulait pas arriver aux votes, parce qu'il avait la crainte qu'il se passe la même chose, que pour l'index de ces seniors, c'est-à-dire que leur réforme des retraites soit rejetée. Eh bien nous donnons la possibilité aux députés qui s'opposent véritablement, sincèrement à cette réforme de retraite, de voter cette motion de censure. – Oui, mais ce que je comprends pas, c'est que les débats vont se poursuivre jusqu'à vendredi soir minuit. – Oui, vous avez raison. – C'est que cette motion de censure vient pas enbrouiller les choses, elle a déjà du mal à suivre ce qui se passe à la Sommé Nationale, donc il y aura peut-être quand même un vote d'ici vendredi sur article 7, on n'en sait rien. – Non, il n'en aura pas, monsieur, c'est impossible. – Vous êtes sûr qu'il n'y aura pas de vote? – Mais c'est impossible, même si nous allions.
– Si les insoumis retirent leurs amendements. – Ecoutez-moi, même si nous allions deux fois plus vite que nous allons aujourd'hui, eh bien il faudrait 500 heures pour arriver à la fin du texte. 500 heures, d'accord? Or, nous en avons 28 jusqu'à vendredi minuit. Et même si l'ensemble de la nupe se retirait, l'ensemble de leurs amendements, il resterait, ne serait-ce que pour la majorité, 309 amendements. Donc il n'est pas possible d'arriver au bout, d'ailleurs c'était volontaire, c'était fait pour ça, et moi je n'admets pas que les députés représentants de la nation que nous sommes, et en ce qui concerne les députés du Rassemblement national, représentant des dizaines de millions de Français qui sont opposés à cette réforme de retraite, ne puissent pas s'exprimer sur cette réforme. C'est profondément antidémocratique, eh bien nous remettons de la démocratie dans cet hémicycle en permettant encore une fois à ceux qui s'opposent à cette réforme de voter cette motion de censure. – Oui madame Le Pen, est-ce que vous pensez sincèrement que la nupe s'avocatera votre motion de censure ou vous faites un coup de com? – Non, je ne fais pas de coup de com.
Moi je pense que la nupe se rende compte de l'absurdité du positionnement qui est le leur, un positionnement sectaire qui consiste non pas à regarder le fond des textes, mais qui dépose les textes. Moi je pense qu'ils peuvent changer. Voyez, ils ont retiré déjà un certain nombre de leurs amendements. Ça prouve qu'ils ont compris que leur obstruction était en réalité contre-productive. Donc je viens leur dire aujourd'hui, c'est le moment ou jamais. Voilà, parce qu'on va être au pied du mur. Il s'agit aussi de mettre les gens face à leurs engagements.
Donc de députés se sont engagés à s'opposer à cette réforme. – Et bien ils ont la possibilité de le faire. – Et la France Insoumise a juré ces grands dieux que jamais, au grand jamais, ils ne voteraient le texte ou une motion de censure. – Alors donc ils vont soutenir le gouvernement. Ils vont dans cette réforme des retraites, alors qu'ils ont fait le pivot de leur action et de leur combat politique depuis des semaines. Ils vont soutenir le gouvernement. Bah écoutez, laissez-moi penser que la politique va reprendre le dessus, que leur sens de l'intérêt supérieur va reprendre le dessus, que peut-être juste le sens de l'intérêt et de la défense de leurs propres électeurs va prendre le dessus et que, exceptionnellement, compte tenu de la situation dans laquelle se déroulent ces débats sur la réforme des retraites, ils vont voter cette motion de censure.
– Marie Le Pen, vous reprenez en quelque sorte la main aujourd'hui, parce que depuis plusieurs jours, ce sont surtout les insoumis qui étaient en première ligne. – Oui enfin pardon, je ne crois pas que ce soit à leur avantage, parce qu'ils sont en première ligne pour des mauvaises raisons, pour des raisons d'obstruction, pour des raisons de comportement éminemment critiquable. Donc s'il s'agit de faire du buzz, ce buzz est mauvais. C'est du mauvais buzz pour la France Insoumise. Et donc je viens leur offrir de revenir, peut-être précisément dans le jeu politique, la politique avec un grand P, celle qui n'est pas fondée sur le buzz, sur des manips, sur de l'agite propre, sur des injures, sur des agitations, mais sur le vote, parce que c'est pour cela que nous sommes élus. Voter pour défendre les Français. S'ils ne souhaitent pas défendre les Français, s'ils souhaitent défendre le gouvernement, alors ils ne voteront pas cette motion de censure.
Mais chacun assumera sa responsabilité. – Si je comprends bien, ça vous arrange les outrances des insoumis, ça vous permet de montrer que du côté du Ration Vendational, on est plus calme, plus responsable, c'est ça? – Non, rien de marrant. Je ne me réjouis pas de voir les insoumis fouler au pied l'image de cette assemblée, donner de cette assemblée une image qui est mauvaise, qui est critiquable, qui est critiquée, d'ailleurs, dans l'opinion publique. Je préférerais encore une fois qu'ils jouent leur rôle de député républicain dans la sérénité. Mais ça, c'est leur responsabilité, ça n'est pas la mienne. Moi, ma responsabilité, c'est d'obtenir un vote qui exprimera le refus que nous avons de cette réforme des retraites, parce qu'encore une fois, ce sont 94% des actifs qui s'y opposent, ce sont près de 70% des Français qui s'y opposent. Et aujourd'hui, au moment où nous nous parlons, s'il n'y avait pas cette motion de censure déposée, vendredi à minuit, le texte, sans avoir été voté, partirait au Sénat.
– On a quand même l'impression, madame Le Pen, que face à ce qui s'est passé ces derniers jours, avec les milliers de l'amendement de la France insoumise, là où vous-même, vous n'avez déposé que 70 ou 80 amendements, il était temps pour vous de revenir dans le jeu, d'ailleurs, dans les sondages. On voit bien que ce sont les syndicalistes et Jean-Luc Mélenchon, qui représentent le mieux l'opposition à Emmanuel Macron. – Alors d'abord, nous n'avons pas eu les mêmes sondages, mais ça n'est pas le sujet. D'abord, nous n'avons pas déposé 90 amendements, nous en avons déposé près de 500, dont 300 ont été considérés comme irrecevables. De manière, il faut bien le dire, assez scandaleuse. Et deuxièmement, c'est quoi, le but, c'est de déposer 14 000 amendements, donc comme tout à l'heure, 50 amendements pour dire la même chose, 50 fois des députés se lèvent pour défendre le même amendement, alors qu'ils sont du même intergroupe, vous trouvez que c'est ça, la politique, mais moi je crois que c'est ça qui éloigne les Français de la politique, voilà, très clairement. Et qu'ils participent en faisant cela, encore une fois, à la volonté du gouvernement, d'empêcher les députés de voter sur le texte.
Eh bien moi, je ne me laisse pas instrumentaliser par ces manœuvres politiciennes, je viens encore une fois, en prenant mes responsabilités, de déposer cette potion de censure, j'ai pris mes responsabilités, maintenant c'est à eux de l'apprendre. – Merci madame Le Pen, la sonnerie a retentit, donc il est temps pour vous de regagner l'hémicycle. Merci d'avoir été en direct sur BFM TV, dans BFM Story du Plex assuré par Romain Nôt.
Politique, RN, bfmactu