Affaire DUSSOPT : la réalité des faits face au fantasme du complot

Affaire DUSSOPT : la réalité des faits face au fantasme du complot



Il ne pouvait imaginer pire calendrier. Olivier Dussopt, en première ligne sur la réforme des retraites, a reçu fin janvier une très mauvaise nouvelle du Parc national financier, le PNF. L'actuel ministre du Travail va être jugé devant un tribunal pour des soupçons de favoritisme. En somme, un marché truqué avec l'un des leaders français de la gestion de l'eau la sort. Olivier Dussopt risque deux ans de prison, 200 000 euros d'amende et il bénéficie évidemment de la présomption d'innocence. Il y a deux ans, Mediapart avait révélé que Olivier Dussopt, quand il était maire et député de la commune d'Anonée, c'est en Ardèche, c'était vu offrir par un dirigeant de la sort deux lithographies de son peintre préféré, Gérard Garros. La sort était alors sous contrat de sa municipalité.

Ce cadeau embarrassant, le ministre a même dû rendre les lithographies après nos révélations et quelques démentis, a été le point d'entrée pour la justice dans une enquête qui va finir par mettre au jour les liens compromettants de l'élu avec le groupe privé. En tirant le fil, les enquêteurs vont en effet mettre à jour ce qu'ils considèrent être aujourd'hui un délit de favoritisme sur un marché public qui date de 2009. Olivier Dussopt n'a qu'un argument à la bouche. Le Parquet national financier n'a retenu contre lui que l'accusation de favoritisme. Le parquet avait regroupé l'effet, les affirmations en 5 points, 5 reproches possibles. Et je constate que les explications que nous avons données avec mon avocat ont convaincu le parquet de ma bonne foi, de mon honnêteté, puisque sur quatre de ces cinq points, le parquet considère qu'il y a lieu de classer. En retenant qu'il n'y a pas de poursuite ni pour corruption, ni pour prise d'intérêt, ni pour enrichissement.

Quatre des cinq reproches ont été classées sans suite et qu'il n'y a pas d'accusation de corruption. Le parquet financier a classé sans suite. Quatre des cinq faits, des cinq reproches possibles. Et donc qu'il n'y a pas d'accusation de corruption, de prise d'intérêt, c'est très important pour moi que ce soit dit et que ce soit éclairé. On pourrait faire longtemps la liste des infractions qui ne sont pas reprochées au ministre. Tentatives de miscid, narcotrafic, harcèlement. En vrai, c'est juste une habile opération de commes qui vise à minimiser ce qui est reproché au ministre.

En l'occurrence, le délit de favoritisme, c'est grave pour un élu. C'est le fait de donner à un marché public à une entreprise amie. Ça constitue un manquement au devoir de probité, parce que les élus, tout comme les agents publics, servent l'intérêt général et doivent prendre leurs décisions en toute impartialité. À fortiori, sur des enjeux aussi importants que la gestion de l'eau, comme c'est le cas dans cette affaire. Mais malgré cela, Olivier Dussopt a une certitude. J'ai une grande chance, c'est d'être soutenu par une majorité, par un gouvernement et par une chef du gouvernement. Et en effet, le gouvernement voit là son secours, alors qu'il avait fait de la moralisation de la vie publique une valeur cardinale.

L'après-méni sa rappelée hier, elle s'en soutient total à Olivier Dussopt. Moi, je peux vous dire que c'est un excellent ministre du Travail, un excellent collègue. Et pour ceux qui me concernent, et ceux qui concernent, je pense tous les autres membres du gouvernement, nous sommes avec lui. Aujourd'hui, on est sur une enquête. On n'est pas sur un tribunal qui a rendu un jugement rendant Monsieur Olivier Dussopt, ministre du Travail, coupable de tel ou tel fait qui sont des faits de favoritisme. Et au contraire, sur les autres possibilités d'accusation, ça a été revu et elles ont même été oubliées. Est-ce qu'il y a de la corruption? La justice dit que non.

Est-ce qu'il y a de l'enregistrement personnel? La justice dit que non. Mais est-ce qu'il y a bien eu favoritisme? De toute évidence, oui, d'après le Parc national financier. Un autre élément de langage a beaucoup été entendu ce week-end. C'est la question du timing. Comme par hasard, Mediapart a fait des révélations juste avant l'examen de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale. Comme par hasard, le PNF a envoyé au ministre un rapport à Cablan au moment d'un sujet politique brûlant. Comme par hasard, comme par hasard.

L'accès du Parc national financier, avec une date qui est assez étonnante quand même. La fuite est opportune. Où il était hier? Parce que 2000 l'est fait reprocher. On commence en 15 2017. Et hop! Justement, le 20. J'attends très mal. Mais points de complot, de fuite opportune ou de traditionnelle boule puante.

La réalité est bien plus simple. L'enquête du Parc national financier a été ouverte en 2020. Après deux ans d'investigation, elle a été conclue à l'automne dernier ouvrant une phase dite de contradictoire entre les magistrats d'un côté et le ministre Olivier Dussopt et ses avocats de l'autre. C'est donc au terme des délais légaux que tout naturellement, le PNF a envoyé ses conclusions au ministre fin janvier. Mais la question du calendrier, en réalité, pourrait être regardée sous un autre angle. Quand l'enquête judiciaire du Parc national financier a été ouverte en 2020, Olivier Dussopt n'était que secrétaire d'État chargé à la fonction publique. C'est donc en connaissance de cause qu'Emmanuel Macron l'a nommé ministre du Travail avec une épée de dame au clésse judiciaire qui pesait au-dessus de lui.

Et voilà que ceux qui ont joué avec le feu s'étonnent aujourd'hui, qu'ils le boivent. Quand l'argument du timing ne suffit pas, on manipule l'effet. C'est ce qu'a tenté de faire Olivier Dussopt sur France Inter. Voici ce qu'il a déclaré au sujet des perquisitions menées chez lui. Il n'y a pas d'échange trouvé à mon domicile. On parle d'une société qui avait la délégation de services publics depuis 42 ans. Donc évidemment qu'il fallait se parler, se voir, c'était normal.

Mais il n'y a pas d'arrangement et je continuerais à le démontrer. Lancer un tel mensonge à la radio, ça passe sous sa casse. Et dans le cas d'Olivier Dussopt, ça a clairement échoué. Car après cet entretien, Mediapart a révélé le contenu d'un document trouvé par les enquêteurs chez lui. Il montre que des échanges secrets ont bien eu lieu. En amont d'un appel d'offre entre Olivier Dussopt et le directeur général de la sort pour négocier le marché public. Le contenu, la discussion entre les deux hommes est proprement sidérant.

Pour vous faire votre propre opinion, tout est à lire dans notre enquête sur Mediapart. Pour terminer, on va laisser le mot de la fin à Olivier Dussopt lui-même. C'était en 2017, à l'époque, il était un fervent soutien de Manuel Walz, le premier ministre. Voici ce qu'il disait de l'affaire qu'à Usac. Encore une affaire d'exemplarité en politique. C'est quand même une formidable richesse. Ce que vous avez fait sur cette affaire-là comme sur d'autres, c'est aussi à mettre au crédit de tout ce qui permet en France au débat public d'assainir un certain nombre de situations.



Mediapart, EdwyPlenel, Investigation, révélations

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