Fin de vie : Macron prépare un nouvel « en même temps »
Emmanuel Macron prépare un en même temps, sur la fin de vie cette fois, le président de la République reçoit ce jeudi à dîner plusieurs personnalités concernées par le sujet dont les représentants n'écoutent mais pas que. Alors Emmanuel Macron qui est d'un naturel bavard en général, dans ce genre de dîner qu'il organise, il passe la parole à tout le monde, il l'écoute et puis lui se contente d'introduire et de conclure avec quelques banalités sans laisser transparaître le fond de sa pensée. Mais pense-t-il vraiment quelque chose de ce délicat sujet de la fin de vie? C'est un mystère. Il y a un an interpellé dans la rue pendant sa campagne présidentielle, il avait confié à un patient qu'il était plutôt pour évoluer vers le modèle belge. Alors en Belgique depuis 2002, l'Etat nazi est autorisé, y compris pour les mineurs et pour des situations de souffrance psychologique. En septembre dernier, Emmanuel Macron a cette fois promis à L'Inrenaud, marraine de l'association pour le droit à mourir dans la dignité, il lui a promis de faire évoluer la loi. Mais le mois suivant, en octobre, dans un avion qui le ramenait d'une visite au pape François, il se montrait beaucoup plus prudent sur le sujet.
En fait Emmanuel Macron a décidé de gagner du temps. Lui nourrit une méfiance instinctive envers les sujets sociétaux, trop clivants, trop piégeux. Au contraire de sa majorité de députés, dont beaucoup sont des cadres urbains progressistes, plutôt portés sur ces sujets. Du coup dans son dernier programme présidentiel, Emmanuel Macron s'en est sorti en promettant une convention citoyenne sur la fin de vie avec des citoyens tirés au sort. Et pour l'instant, il s'en tient à l'écart. Il a d'ailleurs laissé sa première ministre, Élisabeth Bourne, installer la convention, c'était en décembre. Vous avez bien entendu un éclairage majeur.
Ça veut dire que le gouvernement ne se sent pas lié par la vie des citoyens. Souvenez-vous, il y a déjà une convention citoyenne, c'était sur le climat, et à l'époque Emmanuel Macron avait dit qu'il soumettrait sans filtre les conclusions des citoyens, soit au Parlement, soit à un référendum. Il s'en est mordu les doigts, ça lui a servi de leçon. Cette fois il n'a pas dit sans filtre et on comprend qu'il ne se sent pas lié par les conclusions de cette convention citoyenne sur la fin de vie. Alors le programme, c'est que les 184 citoyens qui planchent sur le sujet doivent rendre leurs conclusions au gouvernement début avril, mais ensuite que se passe-t-il? Tout se décidera à l'Elysée. C'est ce que me disait récemment une ministre impliquée sur le sujet. Elle expliquait que les règles du jeu étaient écrites dès le départ, la décision appartient au président.
A l'Elysée on explique que rien n'est encore arrêté, mais à entendre les gens qui sont au parfum, les parlementaires, les ministres, les conseillers, il y a une certitude et une incertitude. La certitude c'est le développement des sans-paliatifs, un sujet qui est beaucoup revenu dans le débat. Le ministère de la santé des nombres encore 20 départements qui n'ont aucune unité de sans-paliatifs, c'est-à-dire ces unités qui permettent de soulager la douleur de personnes en fin de vie. Et puis il y a l'incertitude, l'incertitude c'est évidemment la potentielle évolution de la loi Claise Léonetti de 2016, qui prévoit déjà le droit à une sédation profonde et continue pour certains malades en fin de vie lorsqu'ils en font la demande. Emmanuel Macron va donc devoir jongler entre ces deux aspects. Avec cette équation très difficile, comment encourager des sans-paliatifs qui permettent de soulager la douleur, quand dans le même temps on ouvre une solution bien plus radicale pour abriger les souffrances? On est à nouveau dans le « en même temps » et c'est toute la difficulté du message politique, pour ne pas dire philosophique, qu'il va adresser à la population.
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