Vermeer : ce maître mystérieux • FRANCE 24

Vermeer : ce maître mystérieux • FRANCE 24



Il a peint quelques-uns des plus grands chef-d'œuvre de l'histoire de l'art et pourtant sur bien des aspects il reste un mystère. Voici 10 choses à savoir sur UNS Vermeer. D'abord, on ne connaît pas son visage. Il n'existe aucun portrait ou autoportrait de l'artiste. Certains experts estiment que dans cet œuvre de jeunesse, l'entre-metteuse, Vermeer se serait peut-être représenté fixant le spectateur mais rien ne permet de l'affirmer vraiment. D'ailleurs, en raison du mystère qu'il entoure, on l'a surnommé le Sphinx de Delft. Delft, c'est sa ville au Pays-Bas.

Il y est né en 1632, il y a mort à l'âge de 43 ans. Quelques centaines de mètres séparent l'église où il a été baptisé, de celle où il est enterré. Les deux seuls paysages qui l'épin sont cette vue générale de la ville et ses deux façades séparées d'une ruelle. D'ailleurs, il a peint seulement 37 tableaux. On ne lui connaît ni des seins ni estampes. Des documents de l'époque évoquent huit autres toiles dont un autre portrait, mais qui ont aujourd'hui disparu. Et encore, la liste de ces œuvres est contestée, car Vermeer a attiré les fossères.

Le mystère, entourant son travail, a permis à des peintres peu scrupuleux de découvrir de nouveaux Vermeer. Le plus célèbre de ces fossères fut Ron van Meegeren, un peintre néerlandais qui réalisa plusieurs Vermeers. Il vendit l'un de ses faux au dirigeant nazi Hermann Göring, jugé pour collaboration à la fin de la guerre, et pour sa défense, il dû révéler la supercherie. C'est donc tardivement que les faux se sont multipliés, car il faut dire que Vermeer a été reconnu seulement au XIXe siècle. A son époque, la renommée du peintre ne dépassait guère les pays bas. Il n'a été réellement mis en lumière que dans la deuxième moitié du XIXe, grâce aux critiques d'art et journalistes français, Théophile Torré Burger. Les impressionnistes découvrent alors ses toiles, et Marcel Proust estime que la vue de Delft est la plus belle image du monde.

Mais si Vermeer a réalisé deux paysages et quelques scènes religieuses, il est surtout le maître des scènes de genre. Des petits formats qui montrent un ou deux personnages dans leur quotidien. Des intérieurs intimes, à l'atmosphère, serènes, des maisons bourgeoise sont doutes assez éloignées du quotidien de Vermeer, qui eut au moins 10 enfants, beaucoup de dettes et mourus ruinés. Malgré tout, on peut apercevoir dans ses œuvres quelques objets appartenant au peintre, car il utilisait souvent les mêmes accessoires dans ses tableaux. Ce fauteuil apparaît dans neuf toiles. Cette cruche de porcelaine fait aussi partie des décors, de même que cette veste, au col de fourrure, portée par plusieurs jeunes femmes. Ce sol, d'amiens noirs et blancs aussi, qui rajoute à la profondeur du tableau.

Car Vermeer était un maître de la perspective. Son regard est quasi photographique. Et ce n'est sans doute pas un hasard, car on a aujourd'hui la preuve qu'il utilisait une chambre noire, une caméra obscura pour concevoir ses tableaux. Il a sans doute été initié à cet instrument optique par un prêtre, qui officiait à la mission Jésusite, juste à côté du domicile des Vermeers. C'est aussi cet usage de la chambre noire qui expliquerait les effets très étonnants de profondeur de champs, que l'on retrouve dans la dentelière par exemple, dont les objets au premier plan sont flouves. Et ce n'est pas la seule caractéristique technique qui rend son œuvre unique pour l'époque. Vermeer était un poitieriste avant l'heure, ou plutôt il avait inventé une technique en poitiers, des gouttelettes de peinture pour figurer les reflets, des allos lumineux ou apporter plus de profondeur à une matière.

Le regard si particulier de la jeune fille à la perle, surnommée la Joconde du Nord, doit sans doute beaucoup à cet effet. Tout comme elle doit beaucoup aux couleurs choisies par le peintre, car Vermeer osait la couleur. Ce jaune, si souvent portée par ses modèles, est surtout ce bleu rofaux. Les analyses ont montré qu'il s'agissait d'outre maire naturel fait de la piste la Julie Broyer. Et ce pigment était très cher à l'époque, il se vendait au prix de l'or. Malgré ses ennuis financiers, Vermeer ne reculait pas à la dépense quand il s'agissait de son art. Enfin, presque 400 ans après leur réalisation, ces tableaux révèlent encore des secrets.

A l'occasion de la grande rétrospective que lui consacre le risque Muséum d'Amsterdam en 2023, la fameuse laitière a été auscultée une nouvelle fois avec les toutes dernières technologies. Et on a découvert dans les couches les plus profonds du tableau des détails que Vermeer avait ensuite abandonné. Comme une étagère où était suspendu déjà sur le mur derrière la laitière, ou un panier posé contre le mur. Autant d'éléments que Vermeer a fini par recouvrir au profit d'un mur unis que la lumière vient doucement caresser, un dépouillement qui souligne encore le naturel du geste et de la scène, équipé de Vermeer, ce maître de l'Inti.



FRANCE 24, actualité, infos, news, information, actu, F24, Vermeer, Art, Peinture, Histoire de l'Art, Culture, Culture Prime, Amsterdam, La Jeune Fille à la perle, Johannes Vermeer, La Laitière, rijksmuseum, Rijks Museum

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne