Réforme des retraites : "deux ans de plus, c’est considérable" • FRANCE 24

Réforme des retraites : "deux ans de plus, c’est considérable" • FRANCE 24



Pour parler de cette mobilisation, la sociologue Anne-Marie Guillemard, auteure de Allongement de la Vie. Quel défi, quel politique aux éditions de la découverte. Bonjour à vous. Bienvenue sur ce plateau. On en parlait à l'instant, dans ces manifestations. On en parlait à l'instant hors antenne, dans ces manifestations, dans ce reportage. Des jeunes, des femmes, des personnes âgées.

Et ça, c'est la particularité de ce mouvement en ce moment? Je crois que c'est la première fois qu'on voit dans ces manifestations contre les retraites. Parce que c'est pas la première. Il y a eu, en 2010, des manifestations très massives, mais qui concernaient surtout les actifs. Et peu de jeunes. De jeunes qui ne sont pas encore sur le marché du travail? Non, mais qui sont jeunes, qui démarrent. Et il me semble, moi, ce qui m'a frappé, c'est vraiment la présence de toutes les générations. Donc c'est intéressant, parce que ça veut dire que toutes sont concernées par cette réforme de l'âge.

Alors, on sait que. Moi, j'ai une hypothèse. C'est qu'on sait que le paramètre de l'âge, repousser l'âge, c'est le paramètre qu'on peut manier, qui est le plus inéquitable pour les Français. Parce que l'âge ne tient pas compte, même si on va tenir compte des carrières longues, mais ça ne suffit pas. Tout le monde n'a pas une carrière longue, mais quand même un métier fatiguant, usant. Et donc, deux ans de plus, c'est considérable. Même si, au bout du compte, ça fera neuf trimestres, peut-être, mais c'est énorme de demander.

Et surtout, c'est inéquitable, parce que les classes moyennes inférieures, les ouvriers. ont déjà leur trimestres, parce qu'ils ont commencé tôt. Pas forcément les carrières longues, mais ils rentrent pas forcément dans cette catégorie, mais ils ont commencé jeunes sur le marché du travail. Et donc, à 62 ans, ils ont, lors du rédassurance, indispensable pour s'arrêter. Donc, ils pouvaient s'arrêter à 62 ans, ils sont fatigués, et dire qu'on va faire. 3, 4, jusqu'à neuf trimestres de plus, c'est énorme. C'est un énorme effort.

– Vous le disiez, ces mobilisations, elles se font essentiellement autour de la question du recul de l'âge de départ. Certains des jeunes qui manifestaient aujourd'hui exprimaient l'inquiétude que, lorsque eux arriveront à la retraite dans plusieurs décennies, cet âge, ils soient encore reculés. Ca, ça finit par poser la question de la retraite par répartition, puisque ces jeunes vont cotiser pour un service dont ils craignent eux-mêmes, aujourd'hui, de ne pas pouvoir bénéficier dans l'avenir. – Oui, vous mettez le doigt sur le problème majeur, qui n'a pas été pris en considération jusqu'à présent dans les politiques à l'égard de la retraite. C'est effectivement que notre régime, notre système de retraite est totalement par répartition, ce qui est une exception mondiale. Nous avons à la fois un régime de base et un régime complémentaire, qui sont tous les deux par répartition. Ca veut dire que le fondement de l'ensemble de ce régime, est la solidarité entre les générations, puisque les actifs paient pour les retraités.

Dans notre système de sécurité sociale, c'est la même chose, les bien-portants paient pour les malades. Mais dans le système de retraite, ce sont les actifs qui paient pour les retraités. Donc il y a un pacte implicite de solidarité entre les générations. Ce pacte a magnifiquement fonctionné, puisque dans les années 60, les retraités étaient les pauvres de la nation. Et aujourd'hui, ils ont rattrapé, voire un tout petit peu dépassé, le niveau de vie du reste de la population. Donc c'est un formidable progrès. Et les gens, ils sont attachés, parce que ça représentait un formidable progrès.

Mais le problème, c'est que le vieillissement de la. Oui, pour revenir au sujet de votre ouvrage, c'est la pyramide des âges qui pèse sur ce système. Et d'abord, il y a quatre générations coexistantes. La plupart des personnes ont maintenant des arrières, petits-enfants. Donc ça fait quatre générations coexistantes. C'est plus compliqué à quatre que trois, quand on était en 45. Et de plus, le fait que le vieillissement de la main d'oeuvre, le vieillissement de la main d'oeuvre et le vieillissement de la population conduit à un coût des retraites, qui est actuellement élevé.

C'est 14 % du PIM que nous consacrons à nos retraites. Donc voilà, on peut dire qu'on va essayer de restreindre, de diminuer un peu et donc de réformer les retraites. Mais le problème, c'est que le paramètre de l'âge est extrêmement inéquitable. Parce qu'ils frappent. Les cadres qui sont rentrés tard sur le marché du travail, ils sont diplômés, ils ont une formation longue. Donc ils ne peuvent pas s'arrêter avant 64 ans. Donc à qui on demande l'effort, à ceux qui, justement, pouvaient s'arrêter à 62 ans, parce qu'ils sont très jeunes sur le marché du travail.

Et là, ça semble inéquitable. – Merci beaucoup, Anne-Marie Guillemard, de nous avoir apportés votre éclairage sur ce plateau.



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