Élection présidentielle : face à la crise, ces Turcs qui votent contre Erdoğan pour la première fois

Il est 6h05, sur Europe, on prend la direction de la Turquie qui se prépare à voter dimanche pour l'élection présidentielle, un scrutin presque un référendum pour ou contre Erdogan. La popularité du président sortant est d'ailleurs grignotée par l'inflation qui frôle les 50% désormais dans le pays. Une crise économique qui a même convaincu certains turcs de glisser un autre bulletin dans l'urne. L'envoyé spéciale d'Europe, Caroline Baudry, a rencontré un berger et pour la première fois de sa vie, il votera pour l'opposition. Nous vivons nos derniers moments, si le gouvernement ne change pas impossible pour nous de continuer. Ramazan a 50 ans, mais une allure de vieillard, son visage est buriné par le travail en plein air. Quand l'éleveur ne court pas après ses chèvres et moutons, il court après sa dette, l'équivalent de 30 000 euros.

Depuis 2015, c'est fini, tout est devenu cher. Que nous vendons est cher, que nous achetons est cher. En 2018, la botte de fin coûtée 4 à 5 libres, aujourd'hui c'est 110, je dois de l'argent au banque, je dois de l'argent au céréalier, je suis étouffé. Son regard bleu persan surveille ses bêtes qui broutent le long de l'autoroute, son sourire est triste et son avenir incertain. J'ai voté à redouer nos élections précédentes, j'aurais dû avoir les deux mains cassées pour ne pas le faire. Mon seul espoir, c'est l'opposant, que l'huit, je daroulo. Ramazan a déjà réduit son chép tel, s'est débarrassé de ses vaches trop chères à nourrir.

Le petit troupeau est désormais guidé par princesse, sa brebis préférée, la seule dont il est sûr de ne jamais se séparer. Sur une route en Tristan boule et boursa, Caroline Baudry, Européen.

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