France : la gymnastique pour soigner le mal du pays des réfugiés ukrainiens • FRANCE 24

France : la gymnastique pour soigner le mal du pays des réfugiés ukrainiens • FRANCE 24



J'étais contente parce que j'avais postulé dans plusieurs clubs et quand celui d'Antonio m'a accepté, c'était le bonheur. Je me suis dit, enfin, quelqu'un qui m'a répondu. Alicea n'est pas la seule dans ce cas. En un an, le club d'Antonio a accueilli 16 jeunes ukrainiennes, dont une nouvelle entraîneuse, Valeria, arrivait depuis cinq mois en France. C'est vraiment important pour moi pour partager mes connaissances, mes grandes connaissances et l'expérience avec les jeunes filles. Les gymnastiques en Ukraine occupaient une place importante pour les filles, c'est l'objectif et l'obtenir des résultats en France. Plus que les performances, ce qui compte avant tout pour Alicea, c'est de s'amuser.

J'ai hâte à chaque fois que je vais à la gymnastique. Je m'entraîne avec l'objet et cela m'intéresse de travailler avec, de voir comment je suis censée poser mes mains. Et avec la musique, c'est vraiment amusant. J'aime pas vraiment les compétitions avec les filles, mais je préfère les compétitions où je peux montrer tout ce dont je suis capable. A leur arrivée en France, le 24 avril dernier, Alicea et sa mère ont dû trouver d'urgence à l'angement et c'est chez Pierre, Alain et Sylvie qu'elles sont hébergées pendant leur 5 premiers mois. Nous avons essayé de mettre tout le monde à l'aise, j'ai envie de dire. On a ouvert tous les placards, on a dit, voilà, ça c'est là, ça c'est là, ça c'est là.

Voilà, et puis les choses se sont passées très simplement, très facilement, avec beaucoup de fraternité, on va dire, voilà. C'est une expérience géniale, merveilleuse. On les aurait pas rencontrées, bien sûr, les circonstances sont géniales. Mais c'est super enrichissant de recevoir Kéfa. Ce sont comme mes grands-parents. Des douche-cars, un grand-bouche-cars. A 2500 km de là, dans l'appartement familial de Kéfa, le père et le frère d'Alissa tentent de tenir le coup, dans un quotidien rythmé par les coupures d'électricité et les alarmes.

Bonjour, bonjour. Aujourd'hui tout va bien. Il y a de la lumière ce matin, il n'y avait pas de sirene. Jusqu'à ce que la guerre soit terminée, il est impossible de prédire quoi que ce soit. Aujourd'hui je parle avec vous, mais demain non, qui sait ce qui peut arriver? Pas un jour ne passe sans un appel. C'est bien qu'elle soit en sécurité, mais c'est horrible de ne pas être avec elle. On voudrait les voir, leur parler et les embrasser.

Il y a eu un an avant, après le 24 février 2022. C'est compliqué de dire ce qui a spécifiquement changé, car tout a changé. Depuis le 24 février, l'Ukraine ne laisse aucun jeune homme de plus de 18 ans quitter le territoire. On ne choisit pas de rester. On doit rester car notre pays a fermé ses frontières. La séparation est d'autant plus douloureuse qu'ils ne savent pas quand elle prendra fin. C'est triste, c'est vraiment triste parce qu'il nous manque.

On veut les voir, mais on ne peut pas. C'est difficile, mais nous restons optimistes et cet optimisme est notre force. En attendant des retrouvailles, Alissa s'adapte à sa vie en France, une intégration qui passe par l'école et l'apprentissage de la langue. Comme elle, une dizaine d'Ukrainiens se rendent tous les jeudi au cours de Français organisés par le collège. Elles sont dispensées par cette professeure, elle aussi ukrainienne. Je trouve que je peux même aider au niveau moral, peut-être, parce que moi je comprends très bien ce qui se passe en Ukraine maintenant et comment on peut encourager les élèves. On doit apprendre, manier rien, par cœur.

Le reste de la semaine, ces mêmes élèves sont affectés dans un autre établissement pour suivre les cours des collégiens français. Ils progressent donc plus vite. Ils aiment beaucoup jouer, même en français, donc les jeux ludiques, c'est un de moyens pour apprendre la langue qui est très pertinent pour les élèves du collège. Et comme ça passait avec les autres acteurs, vous avez aimé votre groupe. A 14 ans, Alissa parle ukrainien, russe, anglais et français. J'ai dû apprendre le français pour faire les exercices comme mes camarades, mais aussi pour parler dès que ma mère en a besoin. Comme ça, je peux lire tous les documents administratifs, comme chez le médecin.

En fait, c'est très important. Pour qu'elle puisse être autonome, sa mère, Ludmilla, a accepté de travailler en tant que femme de ménage, alors qu'elle était manager en Ukraine, elle a décroché ce CDI en juillet dernier, sa motivation première, l'avenir de sa fille. Ce qui est le plus important pour moi, c'est que tu puisses continuer tes études. Moi, je n'en ai pas besoin, mais toi, tu dois continuer. Travail, logement, école, l'intégration d'Alissa et sa mère leur permettent de s'accrocher malgré la séparation. La grand-mère restait en Ukraine dans le Dombas et change avec ses proches dès qu'elle trouve un peu de répit.



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