Ukraine/Russie : une guerre de civilisation ?
Volodymyr Zelensky est une fois de plus agacé par les déclarations d'Emmanuel Macron. Il l'a fait savoir au Corriere de la Serra. Il trouve que tout de même, parler du fait de discuter avec les russes, de négocier, est insupportable dans la mesure où ils ne veulent pas se ranger au plan qu'on leur propose, c'est-à -dire à l'absence de négociations. Fermez le banc. Alors que s'est-il passé pour que Volodymyr Zelensky réponde vertement à Emmanuel Macron? Ce n'est pas la première fois très récemment. Volodymyr Zelensky avait concedé dans la presse que Emmanuel Macron avait changé, sous-entendu en bien, et que, mais cette partie-là , la presse française l'avait laissée un petit peu de côté, et qu'il avait vraiment changé cette fois. Ce qui était en fait une sorte de coup de pied de l'âne, comme Volodymyr Zelensky en a plusieurs fois adressé à Emmanuel Macron.
Alors pourquoi? Emmanuel Macron s'est fait applaudir Amunic lors de la conférence sur la sécurité dans laquelle il a précisé qu'il fallait bien entendu que Lucrenne sorte vainqueur de cette guerre. Mais il a ajouté, dans une rencontre avec la presse française dans son avion au retour, que pour autant, la France n'était pas de ceux qui veulent écraser la Russie parce que, selon lui, cette guerre ne verra pas sa fin par les armes. Ce n'est pas militairement que cette guerre prendra fin, estime-t-il. Alors comment interpréter tout cela? En fait, Emmanuel Macron depuis le début, depuis le 24 février 2022, analyse la situation en la réinscrivant dans l'histoire des relations entre la Russie et cette zone qui appartenait à l'Empire soviétique, mais sur laquelle l'OTAN s'est étendue sans que jamais il ne soit assumé qu'avait été violé, cette parole accordait, certes, uniquement officieusement à la Russie selon laquelle, justement, l'OTAN ne s'étendrait pas au-delà de l'EXRDA. Emmanuel Macron en tire la conclusion que Lucrenne doit être protégé de l'agression russe, qu'il ne faut surtout pas que cette guerre se prolonge et que pour cela il va falloir négocier parce qu'un conflit purement militaire aboutirait en fait à ce que veulent certains, certains qui prônent l'idée qu'il faut aller jusqu'à attaquer la Russie. On les voit même en France, il n'assume jamais d'être totalement jusqu'au boutiste, il n'assume jamais de dire qu'il veut déstabiliser le régime de Vladimir Poutine. Mais les déclarations qui consistent à dire qu'il faut donner à Lucrenne toutes les armes qu'elle demande immédiatement parce qu'il faut absolument vaincre Vladimir Poutine jusqu'au bout, car sinon il envahirait la Pologne, les États Baltes, la Roumanie, tout cela revient en fait à considérer qu'il existe une guerre de civilisation entre les démocraties dont on nous explique qu'elles sont absolument du côté du bien et Vladimir Poutine qui serait absolument du côté du mal.
Cette lecture est profondément dangereuse, non pas qu'il faille excuser Vladimir Poutine ou considérer que ce qu'il fait en Lucrenne n'est pas le mal, bien entendu. En revanche, au repeindre l'Occident en défenseur du bien, en chevalier blanc, s'est oublié le nombre de morts que l'Occident assure la conscience depuis longtemps déjà , depuis plusieurs décennies et que le reste du monde a tout à fait en mémoire. C'est pour cela qu'Emmanuel Macron essaye de positionner la France comme elle s'était positionnée depuis les débuts de la Vème République comme une puissance pivot qui refuse l'Atlantisme forcené, l'inféodation à la vision américaine et à la vision surtout néoconservatrice d'un empire du bien contre l'empire du mal pour au contraire ramener les protagonistes autour de la table des négociations. Il échoue, il échoue systématiquement. Il se fait systématiquement renvoyer dans ses cordes pourquoi? D'abord parce que le magistère moral est du côté, bien sûr, du président ukrainien et que le président ukrainien a toute raison, toute légitimité d'être jusqu'au boutiste. Mais les opinions autorisées, les élites européennes, l'ultra-atlantiste, entirent la conclusion pour le coup erronée que ce que dictent Volodymyr Zelensky doit être forcément suivi et adopté par les dirigeants européens et américains. Ce qui est là est une erreur fondamentale dans la mesure où ces à long terme s'interdire toute forme de négociations.
Emmanuel Macron, aussi en permanence, essaye de donner des gages pour ne pas être accusé comme il l'a été auparavant d'être complaisant avec Volodymyr Poutine tout en restant la voix de la raison face à un océan de l'irisme vatanguerre qui risque, pour le coup, de nous faire basculer dans bien pire.
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