Ukraine : les trolls, la deuxième armée du patron de Wagner
Bonjour, Samira, votre équipe, la vôtre, Samdi vérificateur. Vous suivez cette guerre également pour nous dans ce 12-15. Vous allez nous parler d'un personnage, cette guerre Evgeny-Prigogine, le patron de Wagner. Il fabrique pas que des soldats et des détenus, mais également des trolls. – Il est aussi présent, d'ailleurs, sur le front, que sur les réseaux sociaux. Ici, son armée ne s'appelle pas Wagner, elle s'appelle Cybert Front Z. Leurs armes, ce sont effectivement les trolls.
Et elles sont redoutables avec deux buts, détourner les discussions sur les réseaux sociaux et inonder les plateformes sur le fond. Ça va donner ce type de message que vous allez voir sur Telegram. Ils font croire que la population américaine, elle, est contre la guerre en Ukraine. L'Ukraine, qui est rebaptisée à l'occasion le pays 404, le pays Erreur, en langage informatique, pour désigner les Ukraines. On parle des nazis ou des bandéristes, du nom de Stéphane Bandera, ce personnage controversé qui est glorifié, notamment chez des nationalistes ukrainien, Cybert Front Z diffuse aussi ce type de carte sur de fausses avancées de l'armée ruse, des vidéos, des graphiques. Ils ont compris les codes, bref, et ça n'arrête pas. Parce que derrière, c'est toute une institution, je dirais même une industrie avec cette usine à trolls, donc de Saint-Pétersbourg.
Elles tournent 24 heures sur 24. Elles comptent 400 employés, ils font les 3, 8 pour diffuser tous ces messages. Quelques chiffres peut-être pour montrer leur efficacité. On n'a regardé rien que sur la semaine dernière. Ça part d'une vingtaine de postes sur le compte Telegram de Cybert Front Z. Ensuite, c'est repris par des dizaines de milliers de messages sur TikTok, Twitter, Instagram, par des comptes pro russe, jusqu'à chez nous en France, où on a aussi des personnages comme Sylvain Autrota, par exemple, ou des politiques comme François Asselineau, ou Florian Philippot. Ils reprennent régulièrement ces théories du Kremlin.
Il y a peut-être un autre chiffre qui est intéressant que je voulais vous montrer aussi dans cette chronique, il y a une récente enquête de Google et Microsoft sur ce sujet. Ils mettent en garde l'Ukraine contre une attaque numérique quasi constante de la part de la Russie, d'après eux. L'usinatrole de Prigogine est à l'origine d'au moins 814 attaques en Russe, en Arabes, en Chinois et en Français. Et puis, cette usinatrole, elle ne se contente pas juste de diffuser des messages, elle recrute, elle donne des modes d'emploi pour ceux que ça intéresserait de rejoindre leur garde d'information, où elle cherche des profils très précis, des spammers, des analyses de contenus, leur fiche de poste, elle est très claire, elle a fiché dans ces messages, lutter contre la gêne de Kiev, je cite, soutenue par les puissances occidentales. Et comme par hasard, la plupart de ces campagnes de recrutement, elles sont relayées par Wagner, l'autre armée de Prigogine. D'ailleurs, cette guerre, Prigogine a laissé tomber sa discrétion, il vient même de reconnaître lui-même qu'il a créé ses trolls de Saint-Pétersbourg. C'est vrai, alors on avait quand même des doutes, on avait en tout cas, on savait le lien financier qui pouvait le lier à cette usine de Saint-Pétersbourg, jusqu'ici, c'est vrai qu'il était resté discret, il y a 10 jours, il publie ce communiqué qui est repris sur plusieurs réseaux sociaux, il dit qu'il a non seulement été l'unique financier de l'Internet Research Agency, donc ça, c'est l'ancien nom de l'usinatrale, mais je l'ai inventé, je l'ai créé, je l'ai géré pendant longtemps, donc on ne peut pas être plus clair, pour protéger, dit-il, l'espace informationnel russe contre ce qu'il appelle la propagande grossière et agressive de l'Occident.
Ça, c'est que la confirmation, finalement, de ce qu'on savait déjà, il y avait notamment ce rapport du gouvernement britannique, on en a parlé au moment où on parlait de l'usinatrale sur ce plateau. Au printemps dernier, l'usine de Prigogine mène, selon ce rapport, une campagne de désinformation beaucoup plus large qu'en Ukraine, plusieurs pays occidentaux sont aussi ciblés. Ça rejoint une autre enquête, encore plus ancienne, celle du FBI, qui avait montré, notamment, l'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016. Le problème avec cette usinatrale, c'est que le virus se propage un peu partout. Alors, elle a fait des petits, regardez cette carte un peu partout dans le monde. On l'a réalisé, il y a un mois, quand on avait commencé à travailler sur ce sujet, on en retrouve en Malaisie, au Nicaragua, en Chine, en Turquie, et encore là, ce ne sont que celles qui sont connues. On les a retrouvées grâce aux articles de presse ou à des procès qui ont eu lieu, mais il y en a forcément plus qu'on ne connaît pas, même dans nos démocraties occidentales.
D'ailleurs, on ne va pas parler d'usinatrale, étatisée, voilà. Mais il y a quand même des partis politiques qui parfois utilisent aussi les mêmes méthodes, l'enjeu finalement de ces usinatrales. Il est très bien résumé par Marie Peltier, que j'ai régulièrement au téléphone sur ces sujets, les spécialistes de la propagande, et elle explique en fait l'objectif de ces usinatrales, c'est d'être influent dans le débat public occidental. L'information, c'est le nerf de la guerre, nous dit-elle, et les Russes ont bien compris le potentiel d'Internet pour y parvenir. Nos sources, vos questions, vous scannez, regardez, c'est inscrit là. On est interactif avec les vérificateurs. Merci beaucoup pour cette semaine qu'on a passée ensemble tous les jours, ça va nous manquer, puisque.
Je reviens vendredi. Que vendredi. Merci beaucoup.
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