L'Ukraine ne répond pas encore à tous les critères d'adhésion à l'UE • FRANCE 24

– Parlez également avec Bruno Darou, qui est ici avec nous en plateau. Bonjour Bruno. – Bonjour H.Ren. – Hier donc une aide militaire renouvelée, une nouvelle aide financière aussi à l'Ukraine. Aujourd'hui on discute donc de cette candidature à l'UE et sur ce point on le sait, la route sera longue. – Oui, Caroline de Camaré à l'instant disait que les Européens voulaient montrer que l'Ukraine faisait partie de la famille européenne.

Donc l'Ukraine, oui, fait partie de la famille européenne, mais elle fait pas encore partie de l'Union européenne et ça va prendre du temps malgré ce que demande Kiev, qui souhaiterait une accélération du processus d'adhésion. Elle voudrait obtenir déjà le lancement officiel de ce processus de négociation. Le statut de candidat l'a déjà obtenu très vite et elle voudrait que les négociations démarrent officiellement et que ça aille très vite pour être membre de l'UE peut-être dès l'an prochain ou dans deux ans. – C'est pas trop grand à certains pays des Balkans qui attendent pour leur part depuis. – Voilà, il y a des pays des Balkans qui attendent depuis 2008, il y a la Turquie qui est candidate depuis 1999, mais là les négociations sont gelées depuis 2016. Donc avec certains autres pays comme des pays nordiques, ça a été assez rapide 4 à 5 ans tout de même. Pourquoi tout simplement? Parce que Caroline de Camaré l'évoquait, il faut à partir du moment où ce processus commence, examiner chapitre après chapitre.

Il y a 33 ou 35 chapitres à examiner qui concerne beaucoup de domaines, tout simplement pour voir si le pays qui veut rejoindre la famille l'UE répond à tous les critères qui font qu'on peut faire partie du club ou pas. Donc ça va de l'état de droit, de l'authentique corruption, la séparation des pouvoirs notamment entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif. Et le problème c'est que même si l'Europe est aux côtés de l'Ukraine, alors qu'elle est agressée par la Russie, en termes de résultats sur ces critères pour l'instant, ça peut mieux faire et peut nettement mieux faire, même s'il y a eu des progrès de réaliser dans la lutte anticorruption. Selon transparencies internationales, l'Ukraine est au niveau de l'Egypte ou de la zombies. C'est-à-dire que clairement, par exemple, elle n'est pas au niveau certains experts et ciment qu'il faudra à peu près 10 ans pour que sur ce seul critère de la lutte anticorruption, l'Ukraine soit au niveau des critères européens. Donc certains pays à l'intérieur du club européen, la Pologne, les pays baltes, disent « OK, on connaît tout ça, mais il faut faire une exception en fait pour l'Ukraine, vu la situation, vu l'agression dont elle est la victime. » Et puis il y en a d'autres, plutôt les historiques, la France, l'Allemagne, l'Italie, qui disent « attention, vous citez les pays Balkaniques, si on commence à faire une exception, et surtout à accepter un pays qui n'est pas aux normes finalement de l'Union européenne, ça va poser des problèmes pour l'Union européenne, mais pour ce pays aussi, parce qu'il y a tout ce que je disais en termes de institutionnel, démocratique, etc.

mais il y a aussi le fonctionnement de l'économie. C'est-à-dire que quand on rejoint l'Union européenne, on rejoint aussi le marché intérieur. Et si une économie comme l'économie ukrainienne est encore trop fragile, eh bien elle va en subir le contre-coup en termes de salaire, en termes de déficit, en termes de commerce extérieur, etc. Donc il faut faire attention, même s'il y a un accord d'association qui fonctionne depuis 2017, qui facilite les échanges, ce fameux accord d'association d'ailleurs qui avait provoqué la révolution de Maïdan en 2014, et la colère de Vladimir Poutine, les plus réalistes ou les plus sceptiques, comme on voudra, disent « bon, il faut rester justement réalistes, il y a déjà des choses qui sont en place, il faut que ça s'améliore encore au fil des années, il y a la guerre, c'est une chose, et là c'est soutien total, la financière à une militaire, les sanctions contre Moscou, etc. pas de souci, mais pour l'adhésion, il faut quand même respecter ce processus, d'abord parce que sinon d'autres pays vont dire pourquoi l'Ukraine est traité comme ça, et pas nous, et d'autre part, réellement, sérieusement, l'Ukraine n'est pas encore au niveau, donc il faut finalement qu'elle entre dans l'Union européenne dans les meilleures conditions. Ce sommet, le Ukraine intervient en tout cas alors que la Russie semble préparer une offensive d'envergure sur le terrain. Ah oui, oui, oui, c'est pourquoi l'Union européenne a débloqué cette aide militaire de 500 millions d'euros, c'est pourquoi les livraisons d'armes lourdes, les chars se mettent en place, les nouvelles sanctions, les missiles de moyenne portée selon les Américains, un nouveau paquet de sanctions, mais qui ne va pas assez loin selon l'Ukraine, mais enfin, bon, ce sera quand même le dixième paquet de sanctions européennes contre Moscou.

Bon, tout ça, c'est pour essayer de faire que la Russie soit plus faible, et ne dispose pas des meilleures conditions pour mener cette grande offensive qui est attendue en février, mars, avril, on ne sait pas trop avant l'été, très certainement, mais le problème, c'est qu'en fait l'Ukraine aussi, avec ce réarmement très fort de la part des Occidentaux, se prépare aussi à la défensive, si on veut, mais peut-être aussi à la contre-offensive. Donc en fait, on est dans une situation où les deux armées, en fait, veulent essayer d'obtenir la victoire, se renforcent chacune de son côté, et selon beaucoup d'experts militaires, le problème, c'est que pour le moment, ni l'une ni l'autre n'est en état de l'emporter, et ni l'une ni l'autre n'est prête à ouvrir des négociations politiques et évidemment territoriales, notamment sur le Donbass et encore plus sur l'Acrimé, pour essayer de sortir de cet amour gléau. Merci beaucoup, Bruno, pour votre éclairage.

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