"C'est absolument décisif" : Ouvrir l'accès et garantir de l'aide en Turquie et en Syrie
Je vous le rappelle, ce séisme qui a frappé la frontière turco-ssyrienne, plus de 7 300 morts, c'est le tout dernier bilan à l'heure qu'il est pour en parler avec nous le vice-président d'une ONG International Rescue Committee, une ONG humanitaire, une des plus anciennes fondées à l'époque à l'initiative d'Albert Einstein, pour venir en aide aux opposants à Adolf Hitler. Bonjour Arlem Desir. Bonjour Raphael Khan. Les Français qui nous regardent vous connaissent bien puisque vous avez eu longtemps un engagement à la fois associatif en France. On s'en souvient bien sûr avec. Touche pas à mon pote SOS Racisme et puis ensuite au sein du Parti Socialiste. Aujourd'hui vous êtes donc à la tête, en tout cas vice-président de cette ONG, particulièrement présente aujourd'hui, notamment en Syrie.
Oui absolument, nous sommes présents en Syrie, nous avons 1000 collègues qui travaillent dans le nord du pays, donc 400 dans le nord-ouest de la Syrie, une des régions qui a été le plus touchée par les tremblements de terre, avec la Turquie, vous l'avez dit, 1700 morts en Syrie. Et donc depuis la nuit dernière, nos collègues d'abord essayent de se regrouper et ont commencé à se déployer pour venir en aide à ceux qui ont survécu et qui ont besoin d'un abris sûr, d'électricité, de sources de chaleur, d'eau potable. C'est une course contre la montre, vous l'avez dit, mais c'est aussi une course pour l'accès aux populations qui sont parfois très isolées, y compris dans les zones rurales très loin des centres urbains dont on a beaucoup parlé. Oui d'autant que les conditions climatiques ne font rien à l'affaire, il y a actuellement un froid, parfois des températures négatives qui réunissent dans ces régions et qui rendent encore plus urgentes l'arrivée des secours sur place. Absolument en fait, il y avait une tempête de neige ces derniers jours dans la région et il y a toujours une vague de froid terrible et nos collègues d'ailleurs nous ont rapporté que la première chose qu'ils ont faite au cours de la nuit du tremblement de terre, où malheureusement nous avons perdu deux collègues harmonaises dans le nord de la Syrie, ça a été de se réfugier dans des voitures pour ne pas retourner dans les bâtiments de crainte qu'ils ne s'effondrent et aussi parce que en général, dans beaucoup d'endroits en tout cas du nord-ouest de la Syrie, l'électricité n'a pas été rétablie, le gaz non plus, et donc il n'y a plus de chauffage. Et le système de santé d'une façon générale était déjà débordé à cause du conflit. Vous savez que cette région est totalement isolée, en fait il n'y a qu'un point d'accès avec l'extérieur, par un point de passage avec la Turquie, qui est l'objet d'une autorisation renouvelée pour six mois par les Nations Unies.
Il n'y a malheureusement pas d'accès aérien par exemple, comme vous l'avez montré pour un certain nombre de zones en Turquie, et donc nos collègues en Turquie et en Syrie se coordonnent et essayent de voir comment on va pouvoir acheminer davantage d'aide en utilisant pour l'instant les stocks que nous avons sur place. – Il y a effectivement la difficulté d'accéder à ces régions, l'ONU demande réclament au pouvoir syrien un accès à toutes les régions, et d'ailleurs dit l'aide ira à l'ensemble de la Syrie, il est possible aujourd'hui d'obtenir des garanties d'AMAS. – Je pense qu'il faut des garanties internationales, parce que comme je vous l'ai dit, il y a le problème de l'accès à des partis de la Syrie qui aujourd'hui peuvent être coupés pour des raisons qui sont liées aux sanctions du reste du monde, ou d'une partie en tout cas des autres pays, mais il y a aussi le problème de cette région du Nord-Ouest qui elle n'est accessible que par un seul point de passage, qui lui-même semble-t-il n'avait pas encore été rétabli aujourd'hui, parce que les routes qui y mènent ont été terriblement endommagées, comme d'ailleurs de nombreux ponts, de nombreuses infrastructures, qui rendent difficile d'accéder aux populations si bien, qu'on est d'ailleurs encore en train d'estimer l'ampleur exacte des conséquences, le nombre de victimes, on a vu les chiffres évoluer tout au long de cette journée, et donc il faut effectivement que la communauté internationale, en même temps qu'elle se mobilise, elle le fait de façon très forte, spectaculaire avec beaucoup de pays qui promettent d'envoyer de l'aide et qui ont commencé à envoyer des équipes, assure aussi que les accès puissent être obtenus, qu'ils puissent être autorisés par l'ensemble des pays de la région, et qu'il n'y ait pas de difficultés pour racheminer les aides nécessaires à l'ensemble des populations civiles. – Vous l'évoquiez à l'instant, la Syrie et du fait de cette guerre, un pays aujourd'hui sous sanction, notamment l'Union européenne, le croissant rouge syrien demande la levée de ces sanctions, c'est une condition nécessaire à l'acheminement de cette aide humanitaire aux populations ou pas? – Je crois que l'Union européenne, dans ces sanctions, n'a jamais mis en cause l'acheminement de l'aide humanitaire. Je pense que ce à quoi il est fait référence, c'est aux restrictions qui concernent plus particulièrement l'acheminement de l'aide, encore une fois dans cette région du nord-ouest de la Syrie, la région d'Idlib et d'autres cités, qui est extrêmement restreinte, puisqu'il n'y a qu'une route par laquelle peuvent acheminer l'aide. Et il faut savoir que nous, nous sommes là depuis maintenant plus de 10 ans, depuis le début du conflit, il y a en fait 4 millions de personnes qui sont dans cette région, du nord-ouest de la Syrie, dont 2 millions 800 000 déplacés, qui vivent dans des conditions extrêmement précaires, c'est aussi une des raisons pour lesquelles on a vu autant de destruction de maisons, même s'il y en a eu aussi énormément évidemment en Turquie. Et il y a 800 000 personnes qui vivaient déjà avant le conflit dans des camps, dans des tentes, dans des abris de fortune.
Et donc cette crise d'aujourd'hui, elle vient rappeler une guerre obligée, qui l'essayait déjà dans une situation absolument dramatique, des millions de personnes dont l'ONU considère qu'elles sont en besoin d'aide humanitaire. Et si l'on élargit à l'ensemble de la Syrie, les Nations Unies estiment qu'il y a plus de 15 millions de personnes avant l'étramblementaire qui étaient en besoin d'aide humanitaire, donc effectivement ouvrir les accès, garantir que l'aide qui se mobilise à l'échelle internationale puisse arriver à l'ensemble des régions de la Syrie et de la Turquie, c'est absolument décisif. – Merci à l'Ame Désir, vice-présidente de l'International Rescue Committee, d'avoir été avec nous. Et restez sur France 24, prochain journal dans 2 minutes.
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