JO 2024 : les caméras de la peur, laser anti-drone, vidéo surveillance, la tech fait ses jeux
Tout autre chose maintenant, la chronique Tech 24, comme chaque vendredi avec Guillaume Gralet. Bonjour Guillaume. Bonjour Achrena. Chronique consacrée aujourd'hui à ces outils Tech qui permettront la surveillance des JO 2024 à Paris. Ils permettront notamment de détecter automatiquement des comportements jugés suspects. Alors avant d'en parler avec vous, Guillaume, on va voir comment marchent ces outils avec Eléana Bonas, Simon Ricottier et Benoit Verrand. Elles pourraient être les invités les plus discrètes des Jeux Olympiques.
Des caméras dites intelligentes. Prévus par le projet de loi pour Paris 2024, elle permettrait de scruter les abords des futurs lieux de compétition, comme le Stade de France où la tour est felle, mais aussi les transports en commun. Des caméras dotés d'une intelligence artificielle, capables de détecter les mouvements de foule, des comportements suspects et de les signaler. À titre exceptionnel, certaines de ces caméras sont déjà utilisées par exemple pour surveiller ce collège des Yvelines. Le logiciel est censé détecter tout anomalie pour tester ces capacités. Nous avons pu simuler une intrusion. Au centre de contrôle à quelques kilomètres, le signalement est immédiat.
Quand l'alarm se déclenche et j'affiche les images de la caméra thermique, je constate qu'il y a une intrusion et j'appelle les forces de l'ordre. Avec cet algorithme, 8 agents suffisent pour superviser 2500 caméras. Mais jusqu'où peut aller cette technologie ? La Commission de l'informatique et des libertés se verra assurante. – Ça ne va pas être utilisé pour regarder si vous êtes entré sans payer votre billet ou si vous avez laissé un papier gras par terre, mais pour regarder si par hasard vous êtes en train de laisser un colis abandonné qui pourrait être une bombe, des choses de ce type-là. – Pourtant, certaines associations y voient les prémices d'une surveillance généralisée, avec reconnaissance faciale, comme cela se pratique par exemple en Chine. – Et on en parle donc avec Guillaume Gralais. Guillaume, ce seront donc les jeux de la technologie ? – Oui, ce sont les jeux de la technologie.
Alors moi qui rêvais de profiter de 2024 pour me mettre perfectionné au surf, à l'escalade ou à Breakdance, pourquoi pas. Bien sûr, j'irai me balader le long de la scène, j'irai profiter un petit peu même des courses séquestres au château de Versailles, pas moins de 329 épreuves sur 19 jours de compétition. Mais effectivement, on risque de voir d'autres activités peut-être inattendues pour protéger les jeux. On va notamment voir utiliser des canons laser, des canons laser qui doivent permettre d'immobiliser des drones, puisque la menace d'intrusion de drones est prise très au sérieux par les organisateurs des Jeux Olympiques de 2024. Et il faut écouter pour cela le général Etienne Fori, qui est responsable de la lutte anti-drones pour ces géos. Il dit qu'on va sans doute utiliser des canons anti-drones, mais également des filets anti-drones qui doivent permettre à ces drones littéralement de les capturer. Certains outils dotés d'impulsions électromagnatiques ont encore l'emploi de fusil brouilleur.
– Et l'une des technologies qui fait débat, c'est donc cette vidéo surveillance algorithmique. Qu'est-ce que c'est exactement, Guillaume ? – Oui, alors on l'a vu dans le sujet. C'est un sujet qui a été débattu peut-être un peu trop peu à l'Assemblée nationale. Il y avait peu de députés. Ça avait été adoubé par le Sénat. On va voir si c'est confirmé par le Conseil constitutionnel. En réalité, on veut mettre au point s'appuyer sur des outils qui doivent analyser les grandes quantités d'image et comme des mouvements de foule, des colis ou encore des comportements suspects.
Et ce que l'on veut en réalité, c'est détecter un grand nombre d'informations. C'est là où l'intelligence artificielle est très utile, des attraupements, des comportements suspects. On ne nous promet qu'on ne utilisera pas d'identification biométrique ou encore de la reconnaissance faciale. Et pourtant, pourtant, cette mesure, si elle est appliquée, inquiète énormément. Je vous propose d'écouter H.R.N.
Noemi Levin de la Quadreture du Net. Donc en fait, on donne à la police un pouvoir d'analyse des contrôles sur nous, sur notre corps, qui est immense. Il est masqué à travers cette loi sous couvert d'experimentations, sous couvert de GAO, sous couvert de pseudo-garranties qui ne vont rien pallier au danger de cette technologie. Et qui pour nous font vraiment que c'est un tournant technologique dans la surveillance qui est crucial, qui est vraiment un des pires de ces dernières années et qui malheureusement a été assez invisibilisé ces derniers mois en France. – Et pourtant, Guillemont, c'était déjà doté d'outils de vidéos-surveillance lors de précédentes éditions de Jeux olympiques ? – Oui, ça fait plusieurs éditions en réalité qu'on se sert de ces outils. C'était le cas notamment en 2008, à Pékin avec des outils qui avaient déjà été expérimentés dans le métro de New York, qui devaient là aussi identifier des comportements suspects. C'était également en 2012, à l'occasion des Jeux olympiques de Londres où on a vu se généraliser les outils de vidéos-surveillance.
Il n'y a pas moins de 20 000 caméras de vidéos-surveillance à Londres aujourd'hui contre 4000 à Paris. A Sochi en 2014 pour les Jeux olympiques d'hiver, on a vu un logiciel qui s'appelle Vibra Image qui promettait d'identifier n'impliement que l'émotion des passants. C'est quand même assez prometteur, un tout petit peu inquiétant. Et on a vu en réalité ces outils souvent restés dans les pays où ils ont été déployés. – Alors qu'est-ce qui fait particulièrement peur cette fois-ci Guillaume ? – Eh bien ce qui fait peur en fait, ce sont un petit peu les billets, ou en tout cas les erreurs. J'ai parlé avec le député Philippe Latom, qui a des spécialistes du numérique à l'Assemblée nationale, et lui il redoute ce qu'on appelle les faux positifs, c'est-à-dire des fausses alertes qui vont entraîner une décision un petit peu trop instantanée. Il explique qu'il faudra toujours une décision humaine après certaines de ces alertes.
Il y a également ce que je pourrais appeler le syndrome tiktok, dont on parle de temps en ce moment, c'est-à-dire une perte de souveraineté numérique, c'est-à-dire son remettre à des acteurs non-européens, chinois ou américains, qui pourraient capter les données, et on sait à quel point c'est très important. Alors il y a notamment une homologation pour ces outils qui doivent respecter ce qu'on appelle le SecNumCloud, pour que justement les données restent vraiment en Europe. Il y a plusieurs acteurs européens, Philippe Latombe, cite notamment Idémia, Atos, Thales ou encore le 22 groupes qui veulent, qui promettent en réalité de respecter les données des spectateurs des Jeux Olympiques. – Et il y a d'autres écueils technologiques à éviter qui, eux, seront invisibles. – Oui, il y a d'autres écueils, peut-être encore plus inquiétants. En réalité, on parle aussi ici d'identification. Le député Philippe Latombe dit que ça va nous permettre d'éviter ce qui s'est passé au Jeux d'Atlanta avec notamment un mort direct, un indirect et pas moins de sens blessé, mais on risque surtout d'avoir énormément de cyber-attaques.
Il y a eu 450 millions de cyber-attaques qui ont été identifiés lors des derniers Jeux Olympiques de Tokyo. Donc le drame absolu ce serait de s'en prendre aux hôpitaux franciliens, ce que bien sûr on ne souhaite pas. Alors on sait que les autorités travaillent, il a un plan de sobriété low-tech, c'est-à-dire de pouvoir continuer à fonctionner, même lorsqu'il y a une cyber-attaque géante qui pourrait venir et ça pourrait permettre là, dans ce cas-là, de sauver des centaines de vies à Chreine.
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